#anthologie #01 | infinitifs, Beinstingel

Dire porte c’est dire ouvrir la fermer pousser tirer repousser tenir entrebâiller mettre le pied dans et tant d’autres façons d’utiliser la porte alors que ce qu’on veut c’est entrer dans l’immeuble deux étages qui campe sur le boulevard. Idem pour l’escalier, monter descendre sauter à cloche pied dans, et la rampe, tenir glisser sur s’accrocher à, et la porte Continuer la lecture#anthologie #01 | infinitifs, Beinstingel

#nouvelles | CMT Boucle 3 Edouard Martel

Midi, les véhicules passaient, stoppaient au feu rouge. Le Cours était large, trois files de voitures, de camions, de bus, que le feu allongeait et rétrécissait à sa manière, un roulis même à l’arrêt. Les gens de la maison jaune se faisaient plus bruyants, mais ce n’était pas encore l’été, où tous vivraient fenêtres grandes ouvertes. Non, c’était le printemps Continuer la lecture#nouvelles | CMT Boucle 3 Edouard Martel

#nouvelles | CMT Boucle 2

03 Maison jaune sur fond bleu. Elle narguait le minuscule immeuble, d’où au premier étage, d’une unique fenêtre, je l’épiais toute l’année. Deux noms sur la boîte aux lettres. Lambertin et Mosco. Devancés par un R. pour Lambertin, un C. pour Mosco. Je dévalais les escaliers qui longeaient la maison jaune de l’autre côté du Cours, à la recherche de Continuer la lecture#nouvelles | CMT Boucle 2

#nouvelles | CMT Boucle 2

01 Dans le trouble où je me trouvais encore, mes chères vieilles rues guidèrent mon pas jusqu’à la place Wilson. Je m’assis sur un banc. Alentour, de la foule restaient çà et là au sol quelques vestiges, sous forme de banderoles déchirées et de tracts colorés. La place n’était pas déserte, mais ceux qui la traversaient semblaient pressés, comme s’il Continuer la lecture#nouvelles | CMT Boucle 2

#nouvelles | CMT

04 En quatrième. A l’intérieur du livre offert par Claude – amie de classe depuis une année peut-être – une carte d’anniversaire, dans une enveloppe carrée. Une madone dessinée, des contours dorés et page 3 du carton plié, des souhaits, il me semble, de fidélité. La carte fut perdue ainsi que l’amitié, la carte bien des années plus tard, alors Continuer la lecture#nouvelles | CMT

#doublevoyage #11 | en forme de fin

           Une maison qui se vend, un déménagement, et puis l’on se dit Tiens, serai-je donc infidèle à ce que j’ai vécu, aurais-je oublié qui je fus, n’y a-t-il pas dans l’air bleu quelque chose ou quelqu’un qui appelle et qui me pousse ailleurs ? Moi qui me pensais maître de mes allées-venues, serai-je, sans le savoir, en quête ? Continuer la lecture#doublevoyage #11 | en forme de fin

#doublevoyage #10 | Cap au Sud, trois personnages en quête

Toulouse, première ville qui fut mienne. A force de se fréquenter, on s’était épousées. Seize années de belles noces. Le passé — un sournois — s’invita au mariage comme une fée carabosse. Attendit en silence. Quand il surgit, j’habitais, sans l’avoir désiré, rue Riquet – vieux quartier de la Colombette, à l’écart de mes rues préférées (la soif d’amour oblige, Continuer la lecture#doublevoyage #10 | Cap au Sud, trois personnages en quête

#doublevoyage #09 | Des récits enchâssés

récits qu’Emilie — elle se voulait une habituée de l’endroit — nous  racontait volontiers  — à notre mère, Céline et moi — lors du déjeuner quand notre père était absent. Un jour, elle attendit que le silence se fit pour prendre la parole et presque à voix basse affirmer qu’on venait de lui dire Je crois que c’est vrai car Continuer la lecture#doublevoyage #09 | Des récits enchâssés

#doublevoyage #08 | Lo sé

— Lo sé porque te has ido. Yo también me fui. — Elle a neuf ans quand ils frappent à la porte. Vienen por ti, crie sa mère. Le baluchon est prêt, elle les suit. Quitter sa mère, quand on est si petite — — Porque me fui. — J’avais neuf ans aussi sur le tarmac, expatriée comme toi et Continuer la lecture#doublevoyage #08 | Lo sé

#doublevoyage #07 | il faisait encore nuit

7h10. Il faisait encore nuit, c’était l’instant où le bus quittait le terminus — nous logions dans une de ces banlieues où les immeubles avaient grandi si vite qu’ils sentaient le neuf encore longtemps après, comme si les matériaux s’empêchaient de sécher, comme si le bâtiment lui-même nous maintenait dans une installation sans fin, en transit, tout proches de l’exil Continuer la lecture#doublevoyage #07 | il faisait encore nuit