A propos de Cécile Marmonnier

Elle s’appelle Sotta, Cécile Sotta. Elle a surtout vécu à Lyon. Elle a été ou aurait voulu être marchande de bonbons, pompier, dame-pipi, archéologue, cantinière, professeure de lettres certifiée. Maintenant elle est mouette et fermière. En vrai elle n’est pas ici elle est là-bas. Elle s’entoure de beaucoup de livres et les transporte avec elle dans un sac. Parfois dans un carton quand il ne pleut pas. Elle n’a pas assez d’oreilles pour les langues étrangères ni de mémoire sur son disque dur. Alors elle écrit. Sur des cahiers sur des carnets sur des bouts de papier en nombre. Et elle anime des ateliers d’écriture pour ne pas oublier de vivre ni d'écrire.

#anthologie #26 | conversation téléphonique

c’est un cri qui nous précipite à la fenêtre donnant sur le carrefour. un homme crie des insultes dans son téléphone cellulaire parle fort dans une langue que nous ne connaissons pas. à l’autre bout une voix féminine hurle dans le haut-parleur branché et on aimerait tacler ce cri adressé à une femme. l’homme tourne en rond et continue de Continuer la lecture#anthologie #26 | conversation téléphonique

#anthologie #25 | Messages olfactifs

« […] des mouches éclatantes / Qui bobinent autour des puanteurs cruelles » – Arthur Rimbaud A l’odeur du chat on sait où il a dormi : sur le siège du tracteur qui emmagasine odeurs de graisse et de mécanique ; sous le râtelier des vaches où s’accumule de la bouse séchée l’odeur du foin est-elle la même qui se dépose sur ta Continuer la lecture#anthologie #25 | Messages olfactifs

#anthologie #25 | Le jonc de mer

A la fin du printemps on sait que l’été arrive à l’odeur du foin. L’homme est mort avec l’odeur du soleil sur la peau de son bras. « L’odeur seule est capable de réunir ensemble animés et inanimés. » – Ryoko Sekiguchi L’homme mort dégage une odeur douceâtre qu’un pot-pourri aux senteurs florales ne désagrège pas. L’odeur de la nuit se charge Continuer la lecture#anthologie #25 | Le jonc de mer

#anthologie #24 | la sieste ou le temps étiré

il somnolait la bouche ouverte les joues creuses les fausses dents rentrées la tête roulant sur le côté les bras offerts sur l’accoudoir les mains imperceptiblement vivantes détendues autant que de vieilles mains percluses de rhumatismes et de déformations puissent être détendues  les doigts tordus aux articulations exagérément grossies s’accrochaient sur l’arrondi en bois d’acajou du fauteuil des doigts autrefois Continuer la lecture#anthologie #24 | la sieste ou le temps étiré

#anthologie #22 | Saxe Gambetta

Lyon 1er juillet 2024 Du cinquième étage on domine le carrefour à l’intersection du troisième et du septième arrondissement. Le sens de circulation du cours Gambetta d’est en ouest va en direction de la fosse aux ours. Deux voies sont dédiées aux voitures, avec une voie dessinée au sol pour les cyclistes. A contre-sens une voie pour les bus. A Continuer la lecture#anthologie #22 | Saxe Gambetta

#anthologie #21 | Passer à La Trappe (1)

de toi récemment j’ai découvert le physique – c’était en novembre dernier à l’occasion du décès de ma mère (2) parce que la mort fait ouvrir les archives familiales (3) – et j’étais contente de te voir enfin sur une photographie au détour d’un album était-ce dans le jardin des sœurs à Bordighera (4) petite ville de la province d’Imperia  Continuer la lecture#anthologie #21 | Passer à La Trappe (1)

#anthologie #20 | Passer à La Trappe

de toi récemment j’ai découvert le physique – c’était en novembre dernier à l’occasion du décès de ma mère parce que la mort fait ouvrir les archives familiales – et j’étais contente de te voir enfin sur une photographie au détour d’un album était-ce dans le jardin des sœurs à Bordighera petite ville de la province d’Imperia  dans la Ligurie Continuer la lecture#anthologie #20 | Passer à La Trappe

#anthologie #19 | Seventies

l’image de la Marianne du Robin des Bois de Walt Disney, en robe de mariée dans la boîte de fromage en portions, on l’aurait prise pour vierge Mammouth écrase les prix à l’ouverture du Leclerc de Roanne la famille endimanchée s’y rendit en R 16 le cartable à bretelles en simili cuir jaune et bleu fut le seul achat au Continuer la lecture#anthologie #19 | Seventies

#anthologie #18 | Panthéon photographique

Le Cabinet de Photographies du Centre Pompidou   Le Violon d’Ingres Le garde-meuble La benne du ferrailleur Screenshot Google Map                   Un téléphone portable Vignettes Doublons Tirage en double Négatifs Cartes postales Radiographie Genbaku no e Ma photographie préférée La dernière photographie numérique La rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie Photos de classe Continuer la lecture#anthologie #18 | Panthéon photographique

#anthologie #17 | L’œil scrute le silence

« Un samedi après-midi, vingt-quatre décembre, il y a quelques années. Cinq étages plus bas, dans la rue piétonne, de nombreux passants. Une rumeur de foule. Mais cette rumeur de foule ne me dérang[e] pas. Je [suis] installé à ma table de travail.1 » Moi non plus la rumeur de foule ne me dérange pas pour ce que j’ai à faire. Au Continuer la lecture#anthologie #17 | L’œil scrute le silence