A propos de Claire Le Goff

Pratique théâtrale, mise en scène et écriture à Bastia, Compagnie Ghjuvanetta. Enseignement du français langue étrangère. Quelques publications : Mademoiselle Grelon (La Scène aux ados, Promotion théâtre, éditions Lansman, 2015), Des Miettes (recueil de nouvelles La Peau des autres, éditions La Passe du vent, 2015), Café de la Porte Dorée (recueil de nouvelles, concours Musanostra 2018), Contre le mur de pierre, Et sa désolation (recueil à venir, Musanostra 2020). Blog d'écriture en cours, Confiture d'épinards. Heureuse d'être parmi vous !

Téléphone

Je rentre à la maison. J’ai raté son anniversaire. C’est pas que j’ai oublié, j’y ai pensé toute la journée. Mais c’est que j’ai pas osé. J’ai fait comme ça, comme si ça n’existait pas : pour pas pâlir, ou pas rougir, éviter la moquerie, ou un haussement d’épaules, ou bien qu’il tourne les talons. Est-ce qu’il aurait fait ça? Continuer la lectureTéléphone

En son for au fer fort

Casque brun, chevalier, ligne du regard vert comme chat sous front franc, tour forteresse au centre, large trait de chair rosée, creux aux joues fossettes où le sourire dévoile les dents, barricade qui rompt parfois quand se répand le rire, menton carré : espaces horizontaux juxtaposés de haut en bas vers l’horizon – avancent masqués, marqués au fer fort En Continuer la lectureEn son for au fer fort

Il dit

La chambre est carrée, moquette rase beige, papier peint sur le mur, où s’accroche une fenêtre rectangulaire : quatre carreaux de verre, un cadre de bois blanc, et des rideaux bruns, épais. Le lit est à gauche en entrant, quatre pieds de fer, une couverture de laine, verte, un drap impeccablement tiré, dont on n’aperçoit qu’une bande blanche sous deux Continuer la lectureIl dit

Pomme d’amour

Dans la cour, les tables sont dressées : ronde de gâteaux et biscuits, tartes et cakes salés, bulles de boissons fraîches. Parents d’élèves aux manettes. La mère de Marie fait sauter des crêpes : deux poêles chaudes où fondent beurre, chocolat, confiture, c’est selon – fraise, framboise, abricot – même citron. Le père de Vinca promène des pics en bois Continuer la lecturePomme d’amour

à nul moment je n’ai décrit votre visage

à nul moment je n’ai décrit votre visage, ni n’ai dit, prononcé votre nom, jamais dans les lignes, les traits d’autrefois, les rides devenues c’est peut-être le temps à présent, de décrire l’un, et de dire l’autre, de creuser les sillons du temps les visages, pas de visages, la mer au loin et deux corps qui avancent, démarches, grand brun Continuer la lectureà nul moment je n’ai décrit votre visage

Où les paupières s’accrochent

Sur la moquette rouille, dans la chambre carrée, coudes genoux elle rampe, avance jusqu’au coffre où dort sa poupée, et elle dit que c’est sale et que c’est dégueulasse, tandis que la mère passe l’aspirateur – ma moquette, elle est sale dégueulasse – et elle répète encore, même si proprette, la chambrette, sans mouton de moquette, depuis l’apparition disparition de Continuer la lectureOù les paupières s’accrochent

Notes

1. Grand-mère paternelle Agnès, née Larvoir le 29 juillet 1921 à Larré, Morbihan2. Grand-père paternel Jean, né le 21 avril 1914 à Questembert, Morbihan3. Remarquable par sa charpente, elle date de 1675  4. De même qu’elle espérait pouvoir faire entrer le mot PITZA dans sa grille de Scrabble (et nous de dire : « Mémé, c’est deux Z, pizza… »)5. Etymologie. Attesté Continuer la lectureNotes