A propos de Claire Le Goff

Pratique théâtrale, mise en scène et écriture à Bastia, Compagnie Ghjuvanetta. Enseignement du français langue étrangère. Quelques publications : Mademoiselle Grelon (La Scène aux ados, Promotion théâtre, éditions Lansman, 2015), Des Miettes (recueil de nouvelles La Peau des autres, éditions La Passe du vent, 2015), Café de la Porte Dorée (recueil de nouvelles, concours Musanostra 2018), Contre le mur de pierre, Et sa désolation (recueil à venir, Musanostra 2020). Blog d'écriture en cours, Confiture d'épinards. Heureuse d'être parmi vous !

#P3 À chaque lieu son mets

Il faut pas saucer l’assiette avec le pain. Elle te dit pas ça, ta mère, qu’il faut pas saucer l’assiette avec le pain ? Mie mouillée sous croûte dorée dans l’assiette pleine de jus de poulet où baignent encore quelques patates du champ de patates à Mémé. Mémé aime bien saucer, et on fait comme Mémé, sauf Tatie qui n’aime pas Continuer la lecture#P3 À chaque lieu son mets

#L3 Trois voix

C’est là qu’elle se mettait pour regarder les barques, l’eau, les bateaux, et les immeubles en face, le long de la jetée : elle restait là longtemps, attendait l’arrivée, une femme le plus souvent, avec un bagage léger, une valise à roulettes, une femme ou bien deux, sœurs ou amies, avec des enfants parfois, qui suivaient, qui couraient derrière et sautillaient, Continuer la lecture#L3 Trois voix

#P2 les mêmes images

ozoir, rue des pensées, portraits de famille dans les escaliers, icônes, cadres dorés, paysages de neige, fenêtre sur le jardin, étang et grand cygne blanc, pain surprise à noël, baignoire dans le bureau, près de la table avec machine à écrire, rame de papier, mains fines, crème de huit heures, elisabeth arden, produits de beauté, poudre de soleil, huile pour la peau et parfum, articles pour le journal, tasse de café, tartine briochée, dimanche promenade en forêt, parc du manoir, hache ou marteau on sait jamais, des légendes des Continuer la lecture#P2 les mêmes images

#L2 Dont on ne sait

La première chose que l’on voit à la sortie du port, ce sont les bateaux qui s’entre-cognent, légers clapotis contre les barques colorées alignées comme jouets dans la baignoire ou bien sardines en boîte, dont on ne sait ni à qui elles sont ni à quoi elles servent, sauf à saluer, souhaiter la bienvenue. De l’autre côté de l’eau, elle se poste derrière la barrière pour attendre l’arrivée des visiteuses qui viennent encore la voir, patiente sentinelle avec ses cheveux gris au carré flou, jupe Continuer la lecture#L2 Dont on ne sait

#P1 j’ai dormi

j’ai dormi dans la chambre des petits lapins, des petits lapins peints au mur blanc, des multitudes de Pinpin sur les murs et qui murmurent et qui font peur tant il y en a – en face, sur la porte du placard, un arbre avec des pommes j’ai dormi dans la maison de Trambly, la grande bâtisse rose avec le dortoir Continuer la lecture#P1 j’ai dormi

Quelque part

Quitter le port au creux de l’eau bleue, longer les barques colorées, alignées comme sardines, avancer vers la navette au coin du café où boire un café, un café au lait, et maintenant rouler, monter dans les collines entre les arbres, les rosiers, grimper jusqu’à l’arrêt devant la grille dans les glycines. Derrière la grille, de larges dalles dessinent le Continuer la lectureQuelque part

Message personnel

Il est sept heures, Papa claque le coffre, tourne la clef. Je me cale à l’arrière près de la fenêtre, la petite au milieu finit sa nuit (tout à l’heure, chantera à tue-tête), le moyen de l’autre côté lit des bédés. Je regarde dehors, baladeur sur les oreilles tout le long du trajet. Ça va trop vite sur l’autoroute, j’ai Continuer la lectureMessage personnel