A propos de Claire Le Goff

Pratique théâtrale, mise en scène et écriture à Bastia, Compagnie Ghjuvanetta. Enseignement du français langue étrangère. Quelques publications : Mademoiselle Grelon (La Scène aux ados, Promotion théâtre, éditions Lansman, 2015), Des Miettes (recueil de nouvelles La Peau des autres, éditions La Passe du vent, 2015), Café de la Porte Dorée (recueil de nouvelles, concours Musanostra 2018), Contre le mur de pierre, Et sa désolation (recueil à venir, Musanostra 2020). Blog d'écriture en cours, Confiture d'épinards. Heureuse d'être parmi vous !

#anthologie #02 | chambre

en haut des escaliers il y aurait des images sur le mur des visages d’enfance souvenirs de vacances en face une bibliothèque avec du bois des livres des bibelots cartes postales il y aurait un œil de bœuf une sainte vierge l’enfant jésus et colliers accrochés il y aurait des posters d’un chanteur préféré un lit des couvertures un poste Continuer la lecture#anthologie #02 | chambre

#anthologie #01 | à l’infini

garer la voiture dans l’allée sous les arbres libérant leur substance sur le toit le capot les portières, faisant des taches à n’effacer qu’à l’occasion d’un passage à la laverie automatique, rarement ; marcher jusqu’au portail après le bouquet de fleurs mauves dont j’ai oublié le nom, si je l’ai su un jour ; monter les marches, deux étages et tourner à Continuer la lecture#anthologie #01 | à l’infini

#anthologie #prologue | Carapace

Commencer, comment c’est ? Yeux fermés, corps nu contre paroi chaude tendue, flotter là pour l’éternité. Aller voir dehors si j’y suis? Non. Ne pas naître, ne pas mourir au grand théâtre de la vie. Rester tortue dans la carapace, maison sur le dos où pouvoir se cacher, où les bruits étouffés, où lumière encore sombre tout au bout du tunnel.

#Carnet individuel | Claire Le Goff

28/40. les yeux verts cheveux noirs les grands bras longues jambes et les fossettes qui lui font des étoiles au creux des joues le premier jour la rentrée il se balance sur sa chaise contre le mur du fond elle répète ressasse rumine rabâche les yeux verts cheveux noirs les grands bras longues jambes et le jean propre et usé Continuer la lecture#Carnet individuel | Claire Le Goff

#photofictions #09 | Notre-Dame-de-Bellecombe

venus pour les vacances d’hiver, une semaine à Notre-Dame-de-Bellecombe, Savoie. La neige est tombée drue, avec des lames de froid sous les anoraks, les membres engourdis malgré les mains gantées dans les poches profondes, et le vague à l’âme, une sorte de mélancolie tenace comme un brouillard épais impossible à dissiper. Heureusement, c’est le moment du retour dans la Peugeot 309 gris métallisé. Sur le siège passager, la mère s’apprête à feuilleter son Femme Continuer la lecture#photofictions #09 | Notre-Dame-de-Bellecombe

#photofictions #04 | Ni les épaules, ni les dents

Faire l’actrice, faut des photos, il cloute un drap contre la porte, elle se tient droite, léger déhanché, sourire, coupe au carré qui dynamise, elle aurait bien osé plus court, mais à la formation pour apprendre à se vendre, bout de viande, la directrice de casting lui a dit non, trop risqué, pourrais te louper, la coupe garçonne, c’est pas Continuer la lecture#photofictions #04 | Ni les épaules, ni les dents

#photofictions #03 | Ça veut bien dire ce que ça veut dire

Photo floue, ratée. Un hangar, un garage sans voiture, vidé pour les quinze ans du petit. Une maison de banlieue, des parpaings, des posters de travers, A-ha, Scorpions, Still loving you. Il fait sombre. Ce n’est pas qu’il n’y ait pas de lumière – ambiance tamisée – c’est qu’on n’a pas mis le flash. Des jeunes. Contre le mur, des Continuer la lecture#photofictions #03 | Ça veut bien dire ce que ça veut dire

#photofictions #02 / Bouviers

Épicerie : huit lettres dorées. Façade ocre. Large fenêtre, boiseries émeraude, carreaux pour voir au travers, regarder au dedans, s’il n’y avait les rideaux qui obscurcissent, qui font écran. Devant, des fleurs sauvages, des herbes hautes pour se protéger du dehors. C’est une forteresse, et rien n’y bouge depuis des décennies. On espérerait une réouverture, on voudrait y faire trois Continuer la lecture#photofictions #02 / Bouviers

#photofictions #01 | Moby

Juillet. La sieste est terminée. Nous marchons jusqu’à la place, sa petite main dans la mienne. Au passage, un homme âgé pose sa paume sur la tête d’enfant haute comme trois pommes. Elle dit : pourquoi ils me grattent toujours la tête les monsieurs ? Elle prononce le mot comme au singulier et étire la deuxième syllabe. L’air est frais et doux. C’est bête Continuer la lecture#photofictions #01 | Moby

#P8 Tu

Tu es née d’une mère et d’un père âgés déjà, dans une rue de la banlieue parisienne, maison bourgeoise avec étage. Personne n’a été prévenu de ton arrivée, ni rien perçu du secret gardé sous les robes longues et les manteaux de laine. Au retour de la maternité, quand la porte s’ouvre, avec ta mère dans l’encadrement et toi dans Continuer la lecture#P8 Tu