A propos de Claire Le Goff

Pratique théâtrale, mise en scène et écriture à Bastia, Compagnie Ghjuvanetta. Enseignement du français langue étrangère. Quelques publications : Mademoiselle Grelon (La Scène aux ados, Promotion théâtre, éditions Lansman, 2015), Des Miettes (recueil de nouvelles La Peau des autres, éditions La Passe du vent, 2015), Café de la Porte Dorée (recueil de nouvelles, concours Musanostra 2018), Contre le mur de pierre, Et sa désolation (recueil à venir, Musanostra 2020). Blog d'écriture en cours, Confiture d'épinards. Heureuse d'être parmi vous !

#photofictions #03 | Ça veut bien dire ce que ça veut dire

Photo floue, ratée. Un hangar, un garage sans voiture, vidé pour les quinze ans du petit. Une maison de banlieue, des parpaings, des posters de travers, A-ha, Scorpions, Still loving you. Il fait sombre. Ce n’est pas qu’il n’y ait pas de lumière – ambiance tamisée – c’est qu’on n’a pas mis le flash. Des jeunes. Contre le mur, des Continuer la lecture#photofictions #03 | Ça veut bien dire ce que ça veut dire

#photofictions #02 / Bouviers

Épicerie : huit lettres dorées. Façade ocre. Large fenêtre, boiseries émeraude, carreaux pour voir au travers, regarder au dedans, s’il n’y avait les rideaux qui obscurcissent, qui font écran. Devant, des fleurs sauvages, des herbes hautes pour se protéger du dehors. C’est une forteresse, et rien n’y bouge depuis des décennies. On espérerait une réouverture, on voudrait y faire trois Continuer la lecture#photofictions #02 / Bouviers

#photofictions #01 | Moby

Juillet. La sieste est terminée. Nous marchons jusqu’à la place, sa petite main dans la mienne. Au passage, un homme âgé pose sa paume sur la tête d’enfant haute comme trois pommes. Elle dit : pourquoi ils me grattent toujours la tête les monsieurs ? Elle prononce le mot comme au singulier et étire la deuxième syllabe. L’air est frais et doux. C’est bête Continuer la lecture#photofictions #01 | Moby

#P8 Tu

Tu es née d’une mère et d’un père âgés déjà, dans une rue de la banlieue parisienne, maison bourgeoise avec étage. Personne n’a été prévenu de ton arrivée, ni rien perçu du secret gardé sous les robes longues et les manteaux de laine. Au retour de la maternité, quand la porte s’ouvre, avec ta mère dans l’encadrement et toi dans Continuer la lecture#P8 Tu

#hors-série 2, objets – la baignoire

Le bureau de la maison d’Ozoir est à l’étage, à droite dans le couloir après les escaliers. Au centre, la table de travail, avec une planche et des tréteaux, et une machine à écrire, où tu rédiges des articles pour Elle, un magazine pour dames, rubrique Neuf, nouveau, nouvelle. À gauche, une baignoire : nom féminin dérivé de baigner, du bas latin Continuer la lecture#hors-série 2, objets – la baignoire

#L8 et prendre le bateau

le coup de téléphone et prendre le bateau, cabine, elle n’en sort pas de la cabine, pas de promenade sur le pont, dans les coursives, les étages, la grande salle bleue où boire un café, un verre sous les étoiles près du piano-jazz – pas cette fois, cette fois elle ne peut pas, ne peut rien faire tandis que le Continuer la lecture#L8 et prendre le bateau

#P7 Villa Variations

Pleine lumière, clarté, blancheur au cadre de la fenêtre où éclatent le bleu sans nuage, le vert des collines. Végétation, densité de bosquets autour de la piscine, tableau de roses, héliotropes, résédas, anémones, renoncules, cyclamens, iris, violettes ou bien fleurs d’oranger.  Matin tôt, le ciel est gris, reflet des maisons, immeubles, constructions. Il n’y a pas que la pierre : il Continuer la lecture#P7 Villa Variations

#L7 En tout cas, une affaire de fantôme(s)

Une visiteuse arrive dans une ville, un appartement. Elle y vient régulièrement, pour y voir une femme de son entourage : une femme âgée – ou d’un certain âge (sœur, tante, amie). Cette fois, elle fait le voyage à l’annonce de la mort de la femme. Écrire encore sur la traversée en bateau, dans la cabine. Préciser les liens qui unissent Continuer la lecture#L7 En tout cas, une affaire de fantôme(s)

#P6 Journal

Mardi / J’ai lavé à la main les assiettes et les tasses hongroises que j’ai remontées de la cave dans la malle en osier. À Ozoir, à Férolles, je les lavais déjà à la main à cause des fleurs, de peur qu’elles ne s’effacent. J’ai lavé mes assiettes et mes tasses et je les ai rangées dans le placard, sauf Continuer la lecture#P6 Journal

#L6 Double solitude

Elle ferme la porte qui claque. Pourquoi claque? C’est peut-être en silence. Elle ne se souvient pas. C’est sûrement mieux comme ça, qu’elle referme en silence. Elle reste un moment là, à l’entrée, sans pouvoir avancer. Elle attend un instant. Ne sait pas si elle pourra aller plus loin. Mais rester là, plantée là, c’est ridicule : elle avance comme Continuer la lecture#L6 Double solitude