A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

#enfances #09 I Que la lumière soit

C’est depuis cette chambre que la lumière révèle son épaisseur. Elle se glisse au petit matin entre les lames des persiennes orientées plein Est et va rayer l’édredon grenat d’un lit deux places. Sous ce lit, là où elle ne peut encore trouver où se poser, dorment, parmi les moutons et les livres, les monstres invisibles avides des cauchemars d’enfants. Continuer la lecture#enfances #09 I Que la lumière soit

#enfances #08 I Un puzzle ?

Longtemps je n’ai connu de l’argent que sa version Monopolysée. Liasses de papiers blancs d’une taille standard de billets de banque, sur lesquels sont déclinées au milieu d’un graphisme serré et coloré les sommes de cent en bleu, cinq cents en rouge, mille en gris, cinq mille en marron et peut-être… dix mille en violet, et cinquante mille en rouge. Continuer la lecture#enfances #08 I Un puzzle ?

#enfances #07 I Le pousse-pousse

C’était pour apprendre l’alphabet… une sorte de puzzle dont les pièces carrées coulissaient… déplacées en les accompagnant du pouce… la même posture qu’avec le smartphone sur lequel on fait glisser des images… assis ou debout… n’importe où… avec dans les mains un objet rectangulaire… taille A7… il était en plastique… deux couleurs vives… il faisait le même bruit que le Continuer la lecture#enfances #07 I Le pousse-pousse

#enfances #06 | voix-tu?

Ma mère, les yeux dilatés par le silence, coud dans le coin. Elle ne parle jamais, ma mère. Ou elle hurle, ou elle se tait Goliarda Sapienza – L’art de la joie   La voix qui mène à la mère. Ondes transportées. Vibrations auto-excitées. La voix sans les paroles. Le souvenir s’accroche à la mélodie. On peut l’imiter, la faire Continuer la lecture#enfances #06 | voix-tu?

#enfances#05 I Surgissements

Sur le blanc laiteux d’un pétale de fleur de Magnolia, une ligne, un cœur gravé se révèle et prend couleur de rouille. Glisser les allumettes en bois à bouts multicolores et brillants du Coloredo1 dans la grille en carton en suivant le modèle choisi… et caresser le résultat du bout des doigts. Le goût sucré des fleurs d’acacias, celui de Continuer la lecture#enfances#05 I Surgissements

#enfances #04 | Les jeux du corps

Là où les mots ne peuvent être entendus, le corps exulte. Une fillette. Aussi transparente qu’une larme. Ses yeux fouillant les regards perdus au-delà de sa présence. Ce corps, son corps, entend, ce corps, son corps, voit, goûte, sent, touche. Mais ce corps – son corps, cette fillette, elle, moi – n’existe pas. On ne l’entend pas. On ne le Continuer la lecture#enfances #04 | Les jeux du corps

#enfances #03 I Inspirer

Inspirée.  J’avance dans une maison aux accents fantastiques. J’explore la géographie labyrinthique d’un lieu que je ne connais pas. Chaque pièce, chaque recoin est une cachette potentielle, les ténèbres n’assombrissant guère la certitude joyeuse de trouver l’endroit le plus inaccessible à la perspicacité des autres. Là où je gagnerai leur estime. Inspirer, profondément. Vouloir mettre en difficulté celui, celle qui Continuer la lecture#enfances #03 I Inspirer

#enfances #02 I La boite à couture

Je ne sais pas jeter. Elle non plus. C’était un plaisir d’aller chez elle, d’autant plus grand qu’elle nous laissait fouiller dans ses affaires. Elle s’appelait Marie. Marie Noël. Un nom savoureux. C’était ma grand-mère. Elle aussi était savoureuse, d’une douceur de pain d’épices. La voix veloutée et claire. Comme les yeux. Elle ne savait pas jeter. Ni moi non Continuer la lecture#enfances #02 I La boite à couture

#enfances #00 I Dédale

Se perdre dans le dédale de pièces d’un vieil immeuble ou plutôt d’une vieille maison mitoyenne déployée sur trois niveaux. Derrière une lourde porte à double battants au vernis écaillé un rez-de-chaussée par lequel on entre et par lequel on peut ressortir mais vers une autre cour, de l’autre côté. Il est traversé par un couloir sombre et étroit, encombré Continuer la lecture#enfances #00 I Dédale

#enfances #01 | Dans mon regard, des lieux, des femmes

Peyriac-de-mer, C’était chez Marraine. Celle de ma mère. Mais nous aussi on l’appelait Marraine. Deux à trois fois par an, on allait y manger un repas qui durait tout l’après-midi. En été comme en hiver. L’été c’était la chaleur écrasante sur le parvis de graviers bordé de pins à pignons donnant sur des champs de sel, c’étaient les mouches et Continuer la lecture#enfances #01 | Dans mon regard, des lieux, des femmes