A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

#gestes&usages #04 | Le geste qui compte

Extraits du journal intime de Frank Falhaud (année 1963) Mercredi 20 novembre C’est le geste qui compte et ce geste tout le monde peut le faire…  ce sont les paroles que j’ai saisies au vol de la conversation que Mme A. et Mme B tenaient devant les boites aux lettres. Depuis je ne cesse d’y penser. Quel est ce geste Continuer la lecture#gestes&usages #04 | Le geste qui compte

#gestes&usages #03 | Dans un ascenseur

Il entre dans l’ascenseur, la sacoche bourrée de courrier, véritable bouclier posé sur le ventre. C’est le début de la tournée. Une jeune femme, les cheveux défaits tombant sur des épaules dénudées, en petit tablier noué dans le dos et savates duveteuses roses, le salue et lui demande si le télégramme est pour elle. La grille se referme en coulissant Continuer la lecture#gestes&usages #03 | Dans un ascenseur

#gestes&usages #02 I Un regard

Extraits des journaux du facteur Franck Falhaud (1945-2000) retrouvés après sa mort. Extrait du journal intitulé Mr D.  année… (date à préciser) Léger balancement du buste de droite à gauche à partir de la taille tandis que les hanches restent sur un axe horizontal. La tête est soudée aux épaules. La tête sur les épaules mais. Quelque chose dans la Continuer la lecture#gestes&usages #02 I Un regard

#gestes&usages #01 I Une certaine pudeur

À cause de la couleur vert émeraude de ses grands yeux elle couvrait son visage de son épaisse chevelure brune réduisant ainsi l’intrusion des regards qu’elle attirait. Une lourde frange abritait front et sourcils. Au moindre rayon de soleil tandis que l’iris déployait une palette de couleurs étonnantes elle sortait de sa poche des lunettes noires qui lui dissimulaient la Continuer la lecture#gestes&usages #01 I Une certaine pudeur

#enfances #09 I Que la lumière soit

C’est depuis cette chambre que la lumière révèle son épaisseur. Elle se glisse au petit matin entre les lames des persiennes orientées plein Est et va rayer l’édredon grenat d’un lit deux places. Sous ce lit, là où elle ne peut encore trouver où se poser, dorment, parmi les moutons et les livres, les monstres invisibles avides des cauchemars d’enfants. Continuer la lecture#enfances #09 I Que la lumière soit

#enfances #08 I Un puzzle ?

Longtemps je n’ai connu de l’argent que sa version Monopolysée. Liasses de papiers blancs d’une taille standard de billets de banque, sur lesquels sont déclinées au milieu d’un graphisme serré et coloré les sommes de cent en bleu, cinq cents en rouge, mille en gris, cinq mille en marron et peut-être… dix mille en violet, et cinquante mille en rouge. Continuer la lecture#enfances #08 I Un puzzle ?

#enfances #07 I Le pousse-pousse

C’était pour apprendre l’alphabet… une sorte de puzzle dont les pièces carrées coulissaient… déplacées en les accompagnant du pouce… la même posture qu’avec le smartphone sur lequel on fait glisser des images… assis ou debout… n’importe où… avec dans les mains un objet rectangulaire… taille A7… il était en plastique… deux couleurs vives… il faisait le même bruit que le Continuer la lecture#enfances #07 I Le pousse-pousse

#enfances #06 | voix-tu?

Ma mère, les yeux dilatés par le silence, coud dans le coin. Elle ne parle jamais, ma mère. Ou elle hurle, ou elle se tait Goliarda Sapienza – L’art de la joie   La voix qui mène à la mère. Ondes transportées. Vibrations auto-excitées. La voix sans les paroles. Le souvenir s’accroche à la mélodie. On peut l’imiter, la faire Continuer la lecture#enfances #06 | voix-tu?

#enfances#05 I Surgissements

Sur le blanc laiteux d’un pétale de fleur de Magnolia, une ligne, un cœur gravé se révèle et prend couleur de rouille. Glisser les allumettes en bois à bouts multicolores et brillants du Coloredo1 dans la grille en carton en suivant le modèle choisi… et caresser le résultat du bout des doigts. Le goût sucré des fleurs d’acacias, celui de Continuer la lecture#enfances#05 I Surgissements

#enfances #04 | Les jeux du corps

Là où les mots ne peuvent être entendus, le corps exulte. Une fillette. Aussi transparente qu’une larme. Ses yeux fouillant les regards perdus au-delà de sa présence. Ce corps, son corps, entend, ce corps, son corps, voit, goûte, sent, touche. Mais ce corps – son corps, cette fillette, elle, moi – n’existe pas. On ne l’entend pas. On ne le Continuer la lecture#enfances #04 | Les jeux du corps