A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

#anthologie #02 | on dirait que…

On dirait… on dirait que ça serait la nuit. Un rayon de lune tout laiteux entrerait par la vitre brisée d’une fenêtre bancale et s’étalerait directement, sans éviter les toiles d’araignées, au pied d’un escalier en bois vermoulu. De la poussière sur la rampe, de la poussière sur chacune des dix marches dans le champ de vision. A droite, un Continuer la lecture#anthologie #02 | on dirait que…

#anthologie #01 I Ouvrir le lundi

Ouvrir machinalement la porte donnant sur la cour. Grincement. La refermer sans se retourner en la faisant claquer. Prêt à changer d’univers. Passer du privé au public. Plonger dans l’espace du travail depuis un chez soi mitoyen. Traverser la cour en faisant crisser le gravier. Deux marches. Prendre la clef dépassant d’un trousseau cliquetant. Un tour vers la gauche. Ouvrir. Continuer la lecture#anthologie #01 I Ouvrir le lundi

#anthologie #prologue | Le son du corps

Que je ne sois, et je fus ! J’ai voulu, j’ai tenu j’ai poussé j’ai forcé le passage, j’ai tout déchiré et je suis sortie à l’air libre. J’ai crié. J’ai crié victoire. Mais j’ai pris en pleine gueule l’hostilité de regards contrariés.J’ai fermé les yeux, fort, très fort Je les ai ouverts dans la pénombre d’une chambre ; j’ai Continuer la lecture#anthologie #prologue | Le son du corps

#gestes&usages #07 | Jardinez ! … C’est résister

Ne faut-il pas garder les mains dans la terre ? Jardiner ? Penser le paysage ? Et ainsi… résistez ! Ne faut-il pas travailler avec le vivant ? En accompagner la diversité ? La respecter ? Et ainsi… résistez ! Ne faut-il pas observer la nature ? L’appréhender avec humilité ? En apprendre le moindre de ses enseignements ? Le Continuer la lecture#gestes&usages #07 | Jardinez ! … C’est résister

#gestes&usages #06 | Tréteaux

Deux tréteaux, une planche, une nappe verte, une tirelire et des sacs en papiers dans lesquels un kilo de tomates. Venir, se servir et payer. Personne pour vérifier. Ce pays très peu peuplé, n’a pas assez de main-d’œuvre. Mais il règne une confiance absolue en son prochain. En tout cas il y régnait, il y a dix ans, cette confiance. Continuer la lecture#gestes&usages #06 | Tréteaux

#gestes&usages #05 | Massage massages

Là, le corps noué et tendu par le voyage inconfortable dans un vieux taxi. Se poser, s’allonger nue sur le ventre, se détendre et attendre dans la douce chaleur parfumée et la lumière tamisée. Ici aussi se poser, s’allonger nue sur le ventre, se détendre dans la douce chaleur parfumée et la lumière tamisée. C’est mon anniversaire et c’est le Continuer la lecture#gestes&usages #05 | Massage massages

#gestes&usages #04 | Le geste qui compte

Extraits du journal intime de Frank Falhaud (année 1963) Mercredi 20 novembre C’est le geste qui compte et ce geste tout le monde peut le faire…  ce sont les paroles que j’ai saisies au vol de la conversation que Mme A. et Mme B tenaient devant les boites aux lettres. Depuis je ne cesse d’y penser. Quel est ce geste Continuer la lecture#gestes&usages #04 | Le geste qui compte

#gestes&usages #03 | Dans un ascenseur

Il entre dans l’ascenseur, la sacoche bourrée de courrier, véritable bouclier posé sur le ventre. C’est le début de la tournée. Une jeune femme, les cheveux défaits tombant sur des épaules dénudées, en petit tablier noué dans le dos et savates duveteuses roses, le salue et lui demande si le télégramme est pour elle. La grille se referme en coulissant Continuer la lecture#gestes&usages #03 | Dans un ascenseur

#gestes&usages #02 I Un regard

Extraits des journaux du facteur Franck Falhaud (1945-2000) retrouvés après sa mort. Extrait du journal intitulé Mr D.  année… (date à préciser) Léger balancement du buste de droite à gauche à partir de la taille tandis que les hanches restent sur un axe horizontal. La tête est soudée aux épaules. La tête sur les épaules mais. Quelque chose dans la Continuer la lecture#gestes&usages #02 I Un regard

#gestes&usages #01 I Une certaine pudeur

À cause de la couleur vert émeraude de ses grands yeux elle couvrait son visage de son épaisse chevelure brune réduisant ainsi l’intrusion des regards qu’elle attirait. Une lourde frange abritait front et sourcils. Au moindre rayon de soleil tandis que l’iris déployait une palette de couleurs étonnantes elle sortait de sa poche des lunettes noires qui lui dissimulaient la Continuer la lecture#gestes&usages #01 I Une certaine pudeur