A propos de Christine Eschenbrenner

Génération 51.Une histoire de domaine perdu, de forteresse encerclée, de terrain sillonné ici comme ailleurs. Beaucoup d'enfants et d'adolescents, des cahiers, des livres, quelques responsabilités. Une guitare, une harpe celtique, le chant. Un grand amour, la vie, la mort et la mer aussi.

#gestes&usages #02 | dans son élément

Pieds, jambes, encerclés par l’écume, c’est le début. Autour, le ressac. Au lointain, le silence de la ligne d’horizon. S’avancer mais le haut du corps grelotte, elle va attraper froid. Toute petite convalescente, le grand air marin est bon pour les poumons, pour ce qu’elle a. Elle voudrait bien que le corps tout entier rejoigne le froid secret de l’eau, Continuer la lecture#gestes&usages #02 | dans son élément

#gestes&usages #01 | gestes en bleu et rouge

A cause de la phrase le ciel est bleu, les briques sont rouges, se laisse revoir grand-père la prononçant mais pourquoi une affirmation enfantine tranchée comme un vers libre avec les deux piliers de son verbe être et de ses couleurs bien nettes te demandes-tu sous le ciel gris de la cité-jardin du Chemin Vert en lui emboitant le pas Continuer la lecture#gestes&usages #01 | gestes en bleu et rouge

#enfances #09 | Chambre du boulevard Jamin

Le couloir moelleux mène tout droit à la pièce des enfants, en vacances là chacun leur tour. Un long tapis masque le plancher. Craquements effacés. En-dessous : la pharmacie. Dernière porte à gauche : la chambre du fond donne sur des arrière-cours en contre-bas, une grisaille douce, vue du premier étage. Le boulevard est à l’opposé, pas de bruit.  Lourd lit-bateau en Continuer la lecture#enfances #09 | Chambre du boulevard Jamin

#enfances #08 | avec dominos, brochet et cache-nez

Briques petites en noir et blanc, posées devant, un mur et des intervalles. Il ne faut pas que les autres voient. Briques en deux parties, séparées par un trait noir. D’un côté des points comme sur le dos des coccinelles, de l’autre, encore des points ou bien un blanc. Des rectangles debout, on dirait des livres ouverts, avec des notes Continuer la lecture#enfances #08 | avec dominos, brochet et cache-nez

#enfances #07 | maison de poupée

Objet : la disparition. Ou bien : c’est l’objet de sa disparition. Il s’impose, avant tout ce qui ne peut que suivre. Il s’écrit. Se revoit. Se reprend. Il est l’objet égaré pendant le déménagement non annoncé à l’enfant. Maison perdue.  Son équivalent : miniature en coupe. Maison de poupée. Ancien cadeau en forme de boîte ouverte à tous les vents, donnant Continuer la lecture#enfances #07 | maison de poupée

#enfances #06 | la voix de Mano

Sa voix passe par les traits de son visage doucement incliné : photo en noir et blanc, cœur de l’ovale posé sur une étagère de la dernière chambre — visage d’une jeune fille, ma grand-mère, douceur du sourire lointain. Elle flotte dans l’odeur de cuisine qui s’échappe d’une fenêtre voisine. Elle raconte à sa manière l’oiseau bleu de Maeterlinck, éveillant en Continuer la lecture#enfances #06 | la voix de Mano

#enfances #05 | le déroulé tel quel

Dans cette petite paume, l’eau scintillante du lac d’Armainvilliers Descendre les marches immergées  Nervures de la feuille de magnolia quand la chair est partie : squelette de dentelle Seule avec le rêve qu’on ne raconte pas Toutes les voix autour de la table chaude et le biscuit rose trempé dans la mousse du champagne Les pommes de terre cuites dans la Continuer la lecture#enfances #05 | le déroulé tel quel

#enfances #04 | coqueluche

Les contours d’un état. Celui qui laisse à l’intérieur une forme de coquille, un mot. De quoi rappeler tout le reste. Être malade ou avoir la maladie. Il faudrait savoir. Celle dont on parle en chuchotant. La dangereuse. Être là, à retourner dans tous les sens le mot qui vient de remonter en forant lentement un tunnel étroit. Ils l’ont Continuer la lecture#enfances #04 | coqueluche

#enfances #03 | Passer

Mais par où ?  Là, c’est interdit. Trop au bord. Trop lisière. Ils ont brandi le mot. Mais c’est quoi lisière ? Ils parlent du danger et moi je ne vois pas de quoi ils parlent. Je vois forêt, avec tout du long un petit fossé séparant le sombre des branches basses et le clair des champs attenants.  En descendant dedans, pour Continuer la lecture#enfances #03 | Passer

#enfances #02 | Sans chaussures dedans

Rarement chauffée, la toute dernière chambre, au fin fond du couloir. Tante Didi, sœur aînée de ma grand-mère maternelle et de sa sœur jumelle, a traversé deux guerres comme maitresse dans l’école des garçons, un peu dans la Creuse pendant l’exode puis en pleine Beauce où nous la retrouvons chaque été en août, mon frère et moi. Elle a l’habitude Continuer la lecture#enfances #02 | Sans chaussures dedans