A propos de Christine Eschenbrenner

Génération 51.Une histoire de domaine perdu, de forteresse encerclée, de terrain sillonné ici comme ailleurs. Beaucoup d'enfants et d'adolescents, des cahiers, des livres, quelques responsabilités. Une guitare, une harpe celtique, le chant. Un grand amour, la vie, la mort et la mer aussi.

Cassandre

Elle est plantée au milieu de l’allée reliant la cité à la grande surface … un lien  pratiqué naturellement par les générations qui ont poussé dans le quartier, faisant même naître au fil des ans une nouvelle école … mais là, il se passe autre chose : on dirait qu’elle s’interpose -mais entre quoi et quoi ? Entre ce monde-ci et l’autre, Continuer la lectureCassandre

Téléphone corps

Téléphone corps avec nuit comme immense caisse de résonance . C’est moi, je ne te dérange pas ? Et ta voix dans les graves qui brasillent, une comète suivie de silences enchâssés. C’est fini, tu ne peux plus appeler comme avant alors c’est moi qui décroche, façon de parler. Tu m’entends ? Je peux me déplacer un peu si tu veux. Là, Continuer la lectureTéléphone corps

CAMP

Des centaines de venelles menant aux yeux. Un parchemin de chair qui a essuyé tempêtes glacées et même plus de larmes. Un sourire résolu : transmettre neige et cendres. Apparemment, rien d’autre. En son for intérieur : la campagne qui respire à l’abri des poursuites. La mère se tenant prête quand on frappe à la porte. Traversée d’une mer noircie mais de Continuer la lectureCAMP

Lichens

On ne sait même pas s’il pourra au moins sortir de la chambre et respirer l’air du dehors : canicule infernale. Il dit qu’il veut bien si c’est possible. Demander l’autorisation hospitalière, insister car c’est limite. Accordé. Couloirs, ascenseurs, hall, fournaise.  Sur lui, ce grand drap bleu fait de lui dans le fauteuil roulant l’homme des grands déserts, celui qui se Continuer la lectureLichens

L’homme et le mur

C’est comme si, la marée humaine se retirant, l’homme avait été déposé là, sur une allée mémorielle. Pas très grand, pas très jeune, avec juste un petit manteau et une casquette feutrée pour faire barrage :  froid humide ce jour-là. Mains dans les poches devant le mur, il lève la tête et furtivement se hisse de quelques centimètres sur la pointe Continuer la lectureL’homme et le mur

Invention foule gare du Nord réseau banlieue

Deux grands courants sombres se croisent, celui qui monte, celui qui descend, une sorte de ralentissement, cadeau gracieux d’une minute d’escalators dans le chassé-croisé du matin ou du soir. Regards vagues, les visages flottent au-dessus de la mêlée sur les vêtements à dominante grise ou noire, c’est à qui passera le plus inaperçu. En haut, côté lignes de banlieue, on Continuer la lectureInvention foule gare du Nord réseau banlieue

La branche du verre

Celle qui est  arrivée de Bohême dans la nouvelle région peu avant la guerre de Trente ans aux hurlements de loups Celle de l’Outre Forêt, des Rustauds et des Protestants considérés comme hérétiques Celle de la grande famine avec obligation, pour survivre, de manger  herbes des prés, fougères et bouillie de cendres Celle du temps où les lignées différentes passaient Continuer la lectureLa branche du verre

Celles qui te reviennent

Celle qui fait le chemin dans l’autre sens; celle qui ne se déplace qu’en rêve; celle dont tu as entendu parler; celle qui soulève tous les cercles de la cuisinière à mazout pour qu’en descendant les enfants n’aient pas froid; celle qui a du pain sur la planche; celle qui dit toujours  quand elle s’insurge : « Il ne faut pas attiger »; Continuer la lectureCelles qui te reviennent

FH Visages

Dans l’ombre, la moitié du visage,  découpe en noir de l’adolescence  face au photographe inconnu. L’autre part : apparaît à la lueur des feuilles posées en contrebas, prêtes à être saisies ou venant juste d’être posées. Dans le creux, l’aigu d’un regard cerné. Un jeune homme debout, lèvres closes. Présence sans tain. Visage quand le visage n’est plus là : vertige de Continuer la lectureFH Visages

FILE D’ATTENTE REVUE

File d’attente. En longueur, tu vois. On attend quoi. Revoir ce qui défile à l’intérieur. On s’attend à quoi. La ville secrète les files d’attente et là se trouvent debout ceux qui n’ont pas le choix. Sur le quai. Embarcadère, gare, couloirs.  On regarde ceux qui attendent. On se regarde.  On attend. Des heures durant. Heures de rang.  Ce qu’on Continuer la lectureFILE D’ATTENTE REVUE