A propos de Christian Chastan

"- En quoi consiste ta justification ? - Je n'en ai aucune. - Et tu parviens à vivre ? - Précisément pour cette raison, car je ne parviendrais pas à vivre avec une justification. Comment pourrais-je justifier la multitude de mes actes et des circonstances de mon existence ?" F.K.

#L4 Il n’y avait pas de livres.

Il n’y avait pas de livres. on les a rencontré un par un poussé par l’admiration commune, l’envie d’en être, le désir d’échapper au quotidien plat Un homme qui lit tient en cercle autour de lui l’ombre portée de tous les livres qu’il a lu ils le hantent comme des fantômes l’absorbent dans une rêverie de lecture réalisent un autre Continuer la lecture#L4 Il n’y avait pas de livres.

#P3 Bouillie

…bouillie d’avoine, de sarrasin, bouillie de grand-mère, bouillie à la vanille, bouillie pour bébé, gruau, grits ( maïs séché et moulu consommé au petit déjeuner dans le sud-est des États-Unis), pudding, porridge, riz au lait (se souvenir du hussard sur le toit à chaque fois qu’on en mange), gâteau de semoule, purée de pommes de terre, de carotte, de manioc, polenta, Continuer la lecture#P3 Bouillie

#P2 #L1 #L2 Impasse de l’arrivée

Arrivé, on est arrivé parvenu quelque part atteint le bout du chemin c’est fini on n’a plus nulle part où aller on a été aussi loin que possible c’est fini même pour un pas de plus il n’y a pas la place au-delà de cet espace c’est le vide on est au bord du vide un pas de plus et Continuer la lecture#P2 #L1 #L2 Impasse de l’arrivée

#P2 | « Il n’y a pas de mots » « Ma langue est pleine de mots » (Christophe Tarkos)

Prologue le verbe lâché comme un vent, le verbe unique, fiable pas verbeux, une parole digne de foi Une seule parole à la fois un verbe parole pas discours pas logos à chacun sa parole sa parlure son parlé pas la langue l’articulation le rythme la prononciation ça fait toute sorte de mots différents des mots doux des mots tendres Continuer la lecture#P2 | « Il n’y a pas de mots » « Ma langue est pleine de mots » (Christophe Tarkos)

#P1 CHAMBRES D’ECHOS

…, des lits gigognes disent les parents, « gigogne », il aime bien, ça sonne comme « cigogne », au mur le papier peint vert d’eau se décolle par endroit sous l’effet de l’humidité, il se sent bien, ça tangue et ça grince quand son frère se retourne dans le lit du bas… …chuchotis des parents dans le couloir au réveil; malaise qui enfle Continuer la lecture#P1 CHAMBRES D’ECHOS

#L1 ARRIVÉS

Il arrive, n’importe où, peu importe, mais il arrive, elle aussi est arrivée. D’une certaine manière c’est le bout du voyage. Voyage : « déplacement d’une personne qui se rend en un lieu assez éloigné. ». Est-ce vraiment le bon mot ? Qu’est-ce que cela veut dire « assez éloigné » ? Eux ils savent surtout de quoi ils s’éloignent. Continuer la lecture#L1 ARRIVÉS

Eau d’oubli

…l’eau s’écoule c’est cool l’eau sec… sève..  s’évapore.. ou le .. où la … houle eau vive qui court sur les pierres se précipite s’étale s’enflent gonfle balaie porte envahit comble aplanit s’étale engloutit recouvre d’oubli puis miroite reflète apaise pèse d’attraction subie jamais voulue tout un monde de soumission une idée fixe une absence eau coulée sous les ponts Continuer la lectureEau d’oubli

Dernier domicile avant la Belgique

« J’étais mort sans surprise et la terrible aurore / M’enveloppait… ». Deux chambres vous font un « havre de paix » dit Pichois, sans rire ; c’est rue d’Amsterdam, à l’hôtel de Dieppe au 22. On n’y trouve plus désormais qu’un marchand de kebab, une façade vitrée que pour l’heure on ne franchit pas. On se contente d’y observer derrière un comptoir des cuistots Continuer la lectureDernier domicile avant la Belgique

TÉNÈBRES

Dans les ténèbres on voit. On y voit quoi ? Ça grouille on devine plutôt. Des vertiges infinis, des peurs inavouables, l’inéluctable qui guette, une présence par-dessus l’épaule, ça veille, ça surveille. On déchiffre avec difficulté des mots informes, des qui s’échappent, des que la langues n’arrive plus à former, il reste juste un rythme inaccessible, fuyant, des pages écrites Continuer la lectureTÉNÈBRES

Du nouveau

« Du nouveau ! » disait-il, « échappé à l’usure du temps », et les choses étaient là sous ses yeux : la lumière au matin qui rasait les toitures, les pépiements confus et tous intraduisibles, les vagues une à une absorbées par le sable, les pas remis toujours dans l’empreinte des pas, les couleurs familières déposées sur les êtres, les rues qu’on parcourait Continuer la lectureDu nouveau