A propos de Catherine Plée

Je sais pas qui suis-je ? Quelqu'un quelque part, je crois, qui veut écrire depuis bien longtemps, écrit régulièrement depuis dix ans, beaucoup plus sérieusement depuis trois ans avec la découverte de Tierslivre et est bien contente de retrouver la bande des dingues du clavier...

#anthologie #10 | curriculum

Il a quatre-vingt-dix ans, il est aveugle, couché sur son lit d’hôpital, il sort du coma, arrache sa perfusion, il veut embrasser sa fille qui recule devant ce mourant en couche-culotte, il dit c’est l’heure de vérité. Demain, il sera de nouveau dans le coma. Dans deux semaines il sera mort. Il a deux ou trois ans, il porte une Continuer la lecture#anthologie #10 | curriculum

#anthologie #09 | l’invitation

j’ai repassé la nappe et les serviettes en damas, puis j’ai mis les poivrons au four, j’ai émincé les oignons très fins (les gens le font toujours trop grossièrement) et les ai mis à cuire, et j’ai fait griller les aubergines et les courgettes dans la poêle. J’ai haché les capres avec l’ail et la menthe, j’ai abaissé à la Continuer la lecture#anthologie #09 | l’invitation

#anthologie #08 | porte fatale

Ouvre cette porte me dit mon père. Mais je ne veux pas, je ne veux pas. Ne fais pas l’idiote, ouvre donc cette porte, tu n’es plus une enfant… La porte a grincé férocement avant de daigner s’ouvrir sur un cagibi tout noir. Assise sur un tabouret, ma mère tient une bougie éteinte à la main, elle écarquille les yeux Continuer la lecture#anthologie #08 | porte fatale

#anthologie #07 | de l’air, du silence et des lettres

Puisque je suis malade, puisqu’il l’est aussi, puisque nous le sommes tous les deux et que je lui ai laissé ma chambre pour garder intact l’espace de mon fourbi d’écriture et autre dans le salon. Puisqu’il va et vient sans cesse, pour aller fumer des cigarettes ou revenir poser pour la unième fois la question dont je ne connais pas Continuer la lecture#anthologie #07 | de l’air, du silence et des lettres

#anthologie #06 | à deux

Pour faire toutes nos courses, nous n’avons qu’une rue à remonter, tous les commerçants sont là, nous les connaissons et depuis le temps tous nous connaissent. On achète toujours les mêmes produits depuis 20 ans, le boucher, la maison de la presse, Marguerite la crémière qui nous fait un peu la gueule depuis que le toubib nous a interdit le Continuer la lecture#anthologie #06 | à deux

#anthologie #prologue | On m’a…

Dans le rouge, on m’a poussé. Dans une lumière aveuglante on m’a tiré. Dans un froid glacial, on m’a pesé. Dans un bruit assourdissant, on m’a pesé, étrillé, nourri. Dans la chaleur des bras, on m’a pincé le nez et nourri. Dans un lit douillet on m’a bercé. Dans des notes aigüs, on m’a parlé. Dans les cris, on m’a Continuer la lecture#anthologie #prologue | On m’a…

#enfances #04 | pleins et vides

Dans la lumière blanche du petit matin, ça vous tombe dessus comme un jour de fête. 38°4, tu restes à la maison je vais appeler le docteur. La porte refermée, pelotonné dans des draps moites, malgré la toux la fièvre les courbatures on apprécie la bonne nouvelle. Songer aux camarades qui à cette heure préparent leur cartable avant de s’engouffrer Continuer la lecture#enfances #04 | pleins et vides

#enfances # 09 | piaules et studio

Deux lits jumeaux en bois blancs dans un face à face décalé, sous la fenêtre la commode cubique en bois doré à boutons d’acier supporte une lampe en cuivre, dont le pied fut chandelier d’église. Et dans un coin la grande malle en osier où l’on enferme les jouets, des petites étagères en grilles de métal noir pour quelques livres Continuer la lecture#enfances # 09 | piaules et studio

#enfances #01 | drôles d’adultes

C’est un long manteau à chevrons une grosse écharpe à carreaux et un béret en laine et entre les deux un nez rougi qui nous pique le froid du dehors sur les joues. Un petit essoufflement accompagne. Il vient de monter nos trois étages quatre à quatre, le vieil homme. Il se plante au milieu du salon, son béret tourne Continuer la lecture#enfances #01 | drôles d’adultes

#été2023 #10 bis | coup tordu

Je ne voulais pas acheter ton livre, il sentait à plein nez le coup tordu. Une amie me l’a offert, ignorant qui tu étais pour moi. Tu es gonflé, Sif, t’emparer d’un moment de ma vie pour faire ta sale besogne de vengeance masquée. Soi-disant parler de moi, me déshabiller sans me voir comme d’habitude, avec des trémolos, des larmes Continuer la lecture#été2023 #10 bis | coup tordu