A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

#P 2 | sur la route

en voiture, on y va, sur la route, la route étroite, le bitume, sur le bitume la chaleur, la chaleur autour, le macadam suinte des mirages, l’asphalte, au-dessus la brume, au-dessus l’orage, fatalement la pluie, la pluie d’été, la pluie en flaques, sur la route des flaques, des flaques d’odeurs, l’enrobé tiède sous la pluie, le pétrichor, les yeux rivés Continuer la lecture#P 2 | sur la route

#P1 | jusqu’au jour tiède

à l’hôtel Mattei, recroquevillée sur un lit de camp, la nuit tapie dans les angles, la litanie de cauchemars à voix haute de l’aïeule sur l’avant-bras l’empreinte des vagues du velours vert et rassurant, le nez réfugié dans le pli moite du coude un vrai silence, un silence de doutes, d’ombres, puis le bruissement du peuplier, le vent se lève Continuer la lecture#P1 | jusqu’au jour tiède

#L1 | revenir

Arriver c’est revenir, se charger d’impatience. Depuis le hublot attraper la densité des nuages accrochés sur la crête du Monte Stellu, la côte ouest du cap mâchant la mer, la netteté des routes minuscules sur le versant est. À peine le temps de repérer le plan familier de la ville, longer la lagune pour déjà se poser sur la piste Continuer la lecture#L1 | revenir

le goût de l’eau

d’où me vient ce goût de l’eau je dis l’eau c’est la mer le goût de la mer le goût au sens propre même boire la tasse ça me plaisait le goût du sel dessus le sucre d’une boule coco aussi sa force la mer comme elle apaise comme elle berce noie le goût des larmes comme elle ploie sous la Continuer la lecturele goût de l’eau

25 rue des Marais

À la mi-juillet 1851, Baudelaire est de retour à Paris, au 31bis rue des Marais (ou rue des Marais du Temple, ou rue des Marais Saint-Martin) puis chez Jeanne Duval, au 25 de la même rue. Comme la plupart des lieux où il a vécu, cette maison a disparu, la rue elle même n’existe plus. La rue des Marais reliait Continuer la lecture25 rue des Marais

et puis jouer, jouer encore

— les cercles blancs sur un quai de gare comme archipels pacifiques— rues assourdies en lettres capitales— l’odeur des tarmacs / un vol de nuit / illuminations urbaines vues du ciel— être au monde / oublier la distance / succomber au vertige — l’obscur incertain des rêves — l’inquiétante étrangeté d’une image d’enfance, une baleine échouée — temps replié / un ventre / Continuer la lectureet puis jouer, jouer encore

À VENDRE

Là c’était la dune, entre la dernière villa d’Edenville posée sur la digue et l’embouchure du Crapeux, elle dominait le paysage courbé de la baie, les vagues épuisées sur le sable, les colonies de mouettes bécotant l’estran froissé sous le ciel changeant. Là c’était la dune plantée d’oyats, liserons des sables et chardons bleus chargés d’escargots minuscules, zone blanche flanquée Continuer la lectureÀ VENDRE

pauline

(faire semblant d’être Pierre Michon) Pauline noue ses cheveux en chignon bas, elle accroche une fleur en tissu au-dessus de l’oreille comme l’a demandé la mariée en pensant « drôle de noce qui s’annonce celle de Titus, mais c’est heureux ». Devant le miroir elle relève le menton et s’offre un petit sourire, elle n’est pas vraiment satisfaite, elle voit bien les Continuer la lecturepauline

Quand tu seras petite et que moi je serais grande (#10)

Quand tu seras petite et que moi je serais grande… Dès l’enfance on surnomme la petite Pierrette, Louis avait pourtant bien déclaré Eugénie à l’état civil, en souvenir du grand-père Eugène, mais son deuxième prénom l’a emporté, le prénom de cœur, Pierrette, le prénom de sa tante morte trop jeune — d’une maladie innommable, il y a quelques années — Continuer la lectureQuand tu seras petite et que moi je serais grande (#10)

parfois le dimanche

Parfois le dimanche nous montons au village, comme le font les Bastiais. Pour nous qui sommes arrivés à Bastia depuis seulement quelques mois, il serait inconcevable de ne pas se plier au rituel auquel Pierrot met un point d’honneur, peut-être parce que de la fratrie elle est la seule à être née sur le continent, désormais la fille du village c’est Continuer la lectureparfois le dimanche