A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

#P7 | depuis la terrasse

Chaque matin la même lumière, le même éblouissement, le même feu. C’est l’aube d’été ouverte par les chants d’oiseaux — le bruit inouï qu’ils peuvent faire quand le ciel est encore sombre, marine, d’encre — l’horizon s’éclaire à l’est par un élan du jour. Au sud la nuit résiste, la terre est toute petite. Un ruban rouge s’épaissit au ras Continuer la lecture#P7 | depuis la terrasse

#L6 | le même silence

Fatiguée du voyage, de la maison fragile, de la chaleur accablante, elle se couche dans la chambre de l’aile sud. De ce côté du cap la nuit tombe vite, ce soir il n’y a pas de lune, la pièce est plongée dans l’obscurité complète, elle n’attend plus que la chute lente du corps. Pourtant quelque chose résiste, comme lorsqu’on l’obligeait Continuer la lecture#L6 | le même silence

#P6 | Semaine Vila Adèle, trois solitudes

Jeudi Le temps long du voyage, les amies et la cadette à l’arrivée, se coucher dans le même lit qu’elle, nos mots échangés tard dans la nuit, se souvenir du soir du 13 novembre, de l’impossible consolation. À travers la planches disjointes de l’abri de jardin sentir l’air frais de la nuit, la nature proche, intense, les grognements en bas du Continuer la lecture#P6 | Semaine Vila Adèle, trois solitudes

#L5 | une terre qui affleure

(Le sang sous la peau) [des souvenirs, des traces, je voudrais rester ici des heures sans bouger, des jours, à scruter l’horizon, ses îles illusoires, la jetée minuscule au loin, le vide, le temps figé ou absent, à distance du monde, m’aveugler, rentrer dans cet espace, attendre la pluie, la nuit, des voix, une marche funèbre, une sonate en mode Continuer la lecture#L5 | une terre qui affleure

#P5 | l’obscurité n’y peut rien

tempes battent jusque derrière la nuque l’obscurité n’y peut rien. pensées rongées. mâchoire durcie. le temps s’étale. voix blanche — on ne peut pas répéter ça n’a plus de sens. les dents claquent, le corps lourd pourtant tremble jusqu’au flou. les yeux figés le regard se vide. sous les dents, la tendresse de l’intérieur des joues. lèvres brûlées de salive Continuer la lecture#P5 | l’obscurité n’y peut rien

#P4 | prête à l’usage

Ça tombe à point nommé quand la langue fait défaut — du pain bénit pour l’aïeule qui vécut au village jusqu’à vingt ans, parlait une autre langue à la maison, avait appris à ne jamais s’apitoyer sur son sort, à toujours rentrer la peine au-dedans (ça s’échappait la nuit pendant son sommeil et ça donnait des lamentations effrayantes). Cette parole Continuer la lecture#P4 | prête à l’usage

#P3 | les frappe

Que faire ? La tarte aux abricots, le soufflé aux pruneaux, le beignet de compote, le biscuit de Charlotte, non ! Ah ! Le cake d’amour.Peau d’âne, Jacques Demy Dans le carnet on ne trouvera pas les recettes des plats salés, des plats transmis. Ni la proportion de légumes pour le couscous, ni le poids de viande qui peut rester Continuer la lecture#P3 | les frappe

# L4 | le goût de lire, le goût d’écrire

sentimenthèque

Paroles, (Jacques Prévert), — au chevet de l’enfance — pour la sensualité (son goût d’interdit alors) de Barbara, épanouie ravie ruisselante sous la pluie  Little women, (Louisa May Alcott), — me refuse au titre traduit car on se fiche bien du docteur March — pour Jo qui devient écrivain, que j’allais chercher à chaque lecture (six fois au moins entre Continuer la lecture# L4 | le goût de lire, le goût d’écrire

#L3 | entre mes paumes

oui c’est désagréable tout de même comme elle s’obstine à dire je ne comprends pas oui ça me rend un peu folle elle ne fait même pas l’effort de faire semblant elle ne veut pas savoir elle se tient là sur le côté avec ses certitudes gonflées d’orgueil elle coupe court à toute tentative oui c’est blessant à la fin Continuer la lecture#L3 | entre mes paumes

#L2 | il regarde la mer

La lente dérive des îles sœurs, séparées par l’effondrement de l’écorce terrestre. Si elle était arrivée en bateau, elle aurait senti l’odeur de feu, d’immortelles, elle aurait vu l’ombre nette des palmiers sur la place Saint Nicolas, l’éclat du levant. Il a réservé un logement dans la vieille ville, idéalement placé entre la citadelle et la place Saint-Nicolas où il Continuer la lecture#L2 | il regarde la mer