A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

#L12 | grammaire sommaire

Arriver c’est revenir, se charger d’impatience.Grammaire sommaire. Brève, sèche, sans pronom, quatre verbes et l’impatience, une virgule : reprendre son souffle à la hâte. Presque une symétrie. Une phrase retenue, la peur des débordements à l’œuvre, une phrase lapidaire, l’émotion — à peine — contenue dans l’impatience. Arriver c’est revenir, se charger d’impatience. Comment se serait ouvert le texte si je Continuer la lecture#L12 | grammaire sommaire

#P11 | avec toi dans la nuit

Montagne. Durant tout le jour, la lumière blanche, la chaleur impitoyable avaient exaspéré le ciel, le bleu n’existait plus. La main posée sur la tête du robinet elle laisse couler un mince filet d’eau dans le lavabo pour stimuler la fillette, mais la présence de sa grand-mère dont elle sent toute l’attention dans l’intimité de la salle de bain tétanise Continuer la lecture#P11 | avec toi dans la nuit

#P 10 | un truc de famille

Un soir de décembre, la petite reçoit un message de son frère : J’ai eu un coup de fil d’H.… dans le genre je tourne autour du pot, ou plutôt du cercueil… Je fais court : « M est fatiguée, un jour j’y passerai, vous pourriez m’aider à agrandir le caveau, ou alors transférer le corps de votre mère près Continuer la lecture#P 10 | un truc de famille

#L10 | la passerelle

De la passerelle, aspirer l’air chargé d’herbe tiède, sel, kérosène. C’est comme une vague trop haute, lourde et abrupte, de la pointe des orteils jusqu’au cœur, cette première fois dont elle ne peut se souvenir vient faire rougir son front, d’où lui vient cette image, une famille, un couple, trois enfants — sa famille — en haut de la passerelle ? Continuer la lecture#L10 | la passerelle

hors-série #2 | l’absence

Tu attends qu’ils sortent, une course en ville, une partie de bridge, parfois un dîner, tu tends l’oreille, guettes le bruit régulier du moteur qui s’éloigne, assurée que la deux chevaux a bien franchi la nationale, tu te laisses choir sur le divan, avec l’intention ferme de ne pas bouger, bras écartés yeux ouverts jambes pendantes, clouée par le vide, Continuer la lecturehors-série #2 | l’absence

#L9/ du feu, des mazzeri, de la rue Droite…

Cet été-là elle venait rejoindre la famille en vacances au village, elle n’en avait pas réellement envie, aurait préféré passer août à Paris avec P, mais n’avait osé se soustraire à l’autorité maternelle, avait fait le voyage en train de Paris à Marseille, avait depuis la gare Saint-Charles rejoint à pied la Joliette où elle avait embarqué de nuit sur Continuer la lecture#L9/ du feu, des mazzeri, de la rue Droite…

#P9 elle attend une réponse

Une photographie en noir et blanc, empruntée d’un album de famille qui n’était pas le nôtre, il n’y a jamais eu dans la maison de ma mère d’album de famille. Au dos, une mention, Pauline et marraine. Une occasion rare sans doute pour ces deux femmes d’être réunies, rapprochées dans le cadre, une photo prise à la maison, par un Continuer la lecture#P9 elle attend une réponse

#L8 | par la mer

Si elle était arrivée en bateau, elle se serait peut-être souvenue du premier voyage, ce même voyage qui avait conduit ici la famille, quarante années auparavant, quand sa mère eut décidé de partir, croyant que ce retour aux sources les sauverait de la ruine, ce même voyage qu’elle avait d’abord cru un cauchemar, qui l’avait arrachée à son enfance, ce Continuer la lecture#L8 | par la mer

#P8 | Anne Marie Straboni

Tu grandis en deçà des monts, tu es née trop tôt pour aller à l’école mais tu écorces les châtaignes pour payer le maître qui apprend l’écriture à ton frère. Tu es une fille des sentiers, ta mère ça la rend folle, elle dit qu’un jour il t’arrivera malheur, elle fait pour toi bien des prières, elle craint que tu Continuer la lecture#P8 | Anne Marie Straboni

#L7 | petits cailloux

« et que vivants sommes, nous, les fantômes des morts », Milène Tournier J’avais écouté François, j’avais pris la précaution de retirer de mes poches les petits cailloux, quand la première consigne est tombée j’arrivais à Erbalunga, comme je n’invente pas grand-chose, « Elle » est arrivée comme moi à Erbalunga. Je pensais que le lieu ferait surgir une fiction, Continuer la lecture#L7 | petits cailloux