A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

#40jours #02 | aux marguerites

J’ai beau fouiller je n’ai pas de souvenirs de la vie derrière les fenêtres, aucune présence, aucun contrejour. Il y a bien quelques intérieurs éclairés — mais déserts — à Amsterdam, il y a des mouvements furtifs dans les restaurants chics au bord de Kamogawa à Kyoto, il y a le scintillement des façades américaines mais nous étions toujours trop loin Continuer la lecture#40jours #02 | aux marguerites

#40jours #01 | pour voir

la première image qui t’est venue c’est celle d’un grain de sable collé dans ta paume petite un grain humide plat et brillant parmi au moins trente autres grains peut-être quarante brisures de roches au moins cent grains collés d’avoir creusé le sable à main nues — les hauts le cœur quand une puce de mer s’agite sous la pulpe Continuer la lecture#40jours #01 | pour voir

#40jours #prologue | en dessous c’est le vide

à flanc de colline un réseau de ruelles étroites, des murs aveugles, le ciment blanc, les murs tu les frôles pour ne pas sentir la chaleur déjà trop forte, ici rien ne pousse, ici les voix sont tues, absorbées dans le blanc des murs, tu pourrais crier que personne n’entendrait, ce n’est pas même une ville mais son souvenir : Continuer la lecture#40jours #prologue | en dessous c’est le vide

vers un écrire-film #06 | ralentir le feu

tes onze ans, tes jambes comme des brindilles, tes genoux bleus, ta colère, la lenteur, l’ennui. l’air chaud au dehors. tes soupirs sous le soleil brûlant. la lumière crue, l’air rêche sur tes épaules. tu es seule sous le jour pâle cisaillé de chaleur. tu marches, dans la poche une boîte d’allumettes, le carton doux sur ta paume collante. la Continuer la lecturevers un écrire-film #06 | ralentir le feu

hors-série #impératif | rompez nuages

rompez nuages rompez le poids de l’air d’averses tièdes. rompez les bombes. rompez le fer l’acier le sang. rompez. aveuglez-moi. videz la nuit. traversez le miroir. hantez-moi de douceur. venez venez. venez voir. sortez de dessous les pierres. riez incrédules. riez les morts. riez avec nous, rions amers, ensemble. rompez. rendez-vous les morts. pointez vos cœurs ouvrez les mains donnez-nous Continuer la lecturehors-série #impératif | rompez nuages

vers un écrire/film #02 | sur ses joues comme des larmes

il se baigne | son visage | l’eau autour | le bleu étincelant | un bleu d’été | le ciel on ne le voit pas | on s’approche de son visage | il sourit | sa pensée à voix haute | ce qu’il lui reste à faire | les ondulations de l’eau | le mouvement du corps dans l’eau | Continuer la lecturevers un écrire/film #02 | sur ses joues comme des larmes

vers un écrire/film #01 | le milieu de la nuit

C’est l’été, le milieu de la nuit. Pays de campagne à découvert. Lune basse à l’horizon de la plaine. Au carrefour de deux petites routes il y a des champs, au milieu une ferme. Tout est calme, silencieux, de ces silences d’avant tempête. L’air fixe, chaud, s’anime parfois d’un bruissement flou. C’est un été de canicule. La chaleur s’insinue partout. Continuer la lecturevers un écrire/film #01 | le milieu de la nuit

autobiographies #06 | c’était novembre

C’était d’abord rejoindre le port de la Joliette depuis la gare Saint Charles, la nuit, c’était novembre et la nuit tombait vite, c’était se souvenir d’instinct du chemin à suivre, elle avait pris une bonne avance pour rejoindre le port, déjà le Danielle Casanova dressait sa silhouette imposante, on aurait dit un immeuble scintillant posé sur l’eau lourde et noire, Continuer la lectureautobiographies #06 | c’était novembre

autobiographies #03 | nous les arbres

Nous les arbres, nous les pins secs ombrons le sol sablonneux, nos aiguilles s’épandent en champs tièdes et immobiles sous l’air menaçant, l’éclat brut du jour perfore nos cimes, se pose en taches claires à nos pieds, illumine en dansant le piétement métallique d’une table de camping, un terrain de pétanque improvisé, le front d’une fillette alignant les pelotes de Continuer la lectureautobiographies #03 | nous les arbres

autobiographies #01 | frontière dans la nuit

L’appartement faisait face à la mer, au niveau du port de plaisance. Baies vitrées sur chantier. Se rejouait peut-être un même paysage, le bleu du ciel, la jetée. Un temps trop court, ou l’absence, tout est flou. Il devait bien pourtant y avoir la mer, l’horizon, l’Elbe déjà. Sa lutte quotidienne contre le sable gris qui passe par les interstices, Continuer la lectureautobiographies #01 | frontière dans la nuit