A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

le double voyage | tutoyer le monde

À Florence, le bleu du ciel derrière Santa Maria NovellaÀ Ouessant, le parfum des mottes fuméesÀ Rome, les moustiques affamés sur nos molletsÀ San Francisco, le colibri de Beaver StreetÀ Tokyo, cimetière d’Aoyama, fouler la neige rose des cerisiersÀ Berlin, le vent magnifique sur les pistes de TempelhofÀ Séville, les pichets de sangria à la Chalá qui délient nos langues, Continuer la lecturele double voyage | tutoyer le monde

Carnets individuels | Caroline Diaz

#40 penser à de temps en temps descendre du vélo, du train, de l’échelleporter de bonnes chaussures de marchenoter les titres des magazines par exemple premier enregistrement d’un tourbillon de poussière martien, rayer la mention inutilenoter même ce qu’on ne comprend pasne pas attendre la nuit ni le jour ni la pluiene pas avoir peur de ses cauchemars ni de Continuer la lectureCarnets individuels | Caroline Diaz

#carnets #prologue | interstices

pas carnets ni cahiers, longtemps dessin plutôt qu’écriture, mais c’était déjà écrire. les pages de garde du recueil Paroles de Prévert collection Folio. les dos des blocs de papier à lettres Toile de France. les marges du Télé 7 Jours. les espaces vierges du cahier de textes puis de l’agenda. les cahiers qu’on n’a pas épuisé à la fin de Continuer la lecture#carnets #prologue | interstices

#photofictions #09 | boulevard des Amériques

un oursin géant posé sur l’herbe — depuis le drame de Juigné-sur-Loire tous les enfants devaient apprendre à nager. dans la cabine exiguë elle doute, ses orteils se rétractent sur les mosaïques blanches. le parfum de chlore ne la dérange pas, elle a même une certaine attirance pour cette odeur, sa mère utilise souvent de la javel à la maison, Continuer la lecture#photofictions #09 | boulevard des Amériques

#photofictions #03 | cette jeune femme

Dans cette lumière douce et basse c’est elle, cette jeune femme, la trentaine, ces yeux bruns, cheveux courts et noirs, une frange. Elle porte une chemise à grands motifs ethniques, on est en 1972. Les paupières inférieures sont gonflées, enveloppées d’ombre et de mascara défait. Elle sourit, un de ces sourires qu’on va chercher loin. Elle est assise devant une Continuer la lecture#photofictions #03 | cette jeune femme

#photofictions #02 | cette photographie, ma préférée

Cette photographie, ma préférée. Je me souviens à peine de ce visage, ou plutôt de cette époque, j’aurais voulu la photographier encore, j’aurais voulu retrouver cet abandon. Dans l’appartement de Bastia un matin, des murs clairs, des meubles en bois d’érable massif, miellés de cires, volutes de fumée, son visage, celui du matin. Elle allumerait sa cigarette, dans ce geste Continuer la lecture#photofictions #02 | cette photographie, ma préférée

#photofictions #01 | depuis la corniche Kennedy

On revenait à Marseille pour une semaine, c’était l’automne, on avait loué un appartement sur la corniche Kennedy, à la sortie de l’anse de Malmousque, face à la mer, avec une de ces loggias vitrées qu’on trouve souvent par ici. On n’avait pas imaginé que ce serait un tel saisissement, une telle lumière, ni que le Frioul serait juste en Continuer la lecture#photofictions #01 | depuis la corniche Kennedy

#40jours #34 | kocham cię

C’était pendant le cours de maths, quelques coups frappés à la porte, on a immédiatement reconnu la silhouette longiligne du principal, on s’est tous levés, il s’est retourné vers le couloir, il est revenu en poussant doucement dans la classe deux enfants blonds et frêles. Il a posé ses mains sur leurs épaules, je me suis demandée s’il les encourageait Continuer la lecture#40jours #34 | kocham cię

#40jours #33 | débordements

…les hallucinations hypnagogiques les cauchemars les insomnies la sonnerie du téléphone aux aubes ses yeux perdus dans le vide sa marche funambule au bord du canal la chaleur la nuit l’obscurité les anti-IVG les femmes qui meurent sous les coups des hommes la vitesse les trottinettes électriques et furieuses et les motos folles les tentes sur les trottoirs la ville Continuer la lecture#40jours #33 | débordements

#40jours #31 | rien du ciel

on avait pris la route vieille, on avançait dans la nuit muette — la chaleur frôlait les buissons — on ne devinait rien du ciel, tout baignait dans une même obscurité — on ne voyait pas les ravins sur les bords mais il y avait quand même le vertige — on ne voyait pas les arbres déracinés ni les rivières — on Continuer la lecture#40jours #31 | rien du ciel