A propos de Camille Bréchaire

Camille Bréchaire vit et enseigne la littérature à Angoulême. Il lit et écrit dès qu’il le peut.

#anthologie #09 | Une grande inspiration

c’est ça, respirer, c’est de ça dont j’ai besoin, une bonne bouffée d’air frais, une grande inspiration pour dire enfin les choses, ma mère devra m’écouter cette fois, papa n’est plus là pour la protéger, pour mettre entre elle et moi ce mur de silence que je n’ai jamais osé rompre, parce que sa présence justement, c’était tout ce qui Continuer la lecture#anthologie #09 | Une grande inspiration

#anthologie #08 | La goutte

Sur la porte dont je devinais la présence plutôt que je ne la percevais, tant le noir était devenu dense dans la chambre, une goutte, une simple et dérisoire petite goutte d’eau perlait. Je n’avais jamais remarqué cette porte auparavant. La veille, il y avait le mur à la place. Mais peut-être cette confusion était-elle due au manque de sommeil. Continuer la lecture#anthologie #08 | La goutte

#anthologie #07 | Mon rêve d’eau

Dans la banalité des heures solitaires, entre mon jardinet, ma table de travail et le mur qui me fait face, je me délecte intimement du caractère répétitif de mes vacances à venir. D’une certaine manière, elles ont, dans la projection fantasmatique que je m’en fais, le caractère et la valeur d’un rituel qui doit enfin me permettre d’écrire. C’est ainsi Continuer la lecture#anthologie #07 | Mon rêve d’eau

#anthologie #06 | L’âge de ses artères

Hélène veut de nouvelles chaises. Il ne veut pas. Il ne voit pas l’intérêt d’en acheter d’autres alors qu’il y en a déjà plein la maison. Elle ricane à l’intérieur. Son fils ne cédera jamais rien à sa bru. Elle le connaît. Il est comme était André. Il vivote. Quand elle sera morte, il ne voudra rien changer, il préfèrera Continuer la lecture#anthologie #06 | L’âge de ses artères

#anthologie #05 | L’homme-toupie

Mais moi, je l’ai ressentie comme tout le monde, cette violence tout au fond de soi qui vous fait comme des fourmis dans les bras, tellement que ça vous brûle de l’intérieur tous ces abandons. La peur et tout ce qui va avec. Les sommeils en retard. Les tracas qui tournent comme une toupie au fond de la tête (se Continuer la lecture#anthologie #05 | L’homme-toupie

#anthologie #04 | Tenir Lieu

1 Dans la maison où elle se tient, corsetée par la peur de l’eau qui pénètre les murs, des nuits à l’odeur de moisissures, aux hurlements des flots, des arbres qui cognent aux volets ou des tuiles qui s’envolent, elle ne distingue plus ce qui tambourine. La montée des eaux a tout recouvert. Des branches d’arbres peut-être. Non, c’était plus Continuer la lecture#anthologie #04 | Tenir Lieu

#anthologie #03 | Le dentier

Les dents sont divines. Elles seront vivantes même quand elle sera morte. Leur noirceur bleutée de cadavre est un leurre de plus qui la mène vers le désastre. Il y a des zones du corps à ne plus investir. Des espaces qui parlent de dents et foudroient celle qui s’y aventure. L’enfant le sait. On ne franchit jamais la lisière Continuer la lecture#anthologie #03 | Le dentier

#anthologie #02 | Elle se regarderait en train de se regarder

Ce serait donc une grande pièce à vivre avec une table de ferme vissée au milieu. Des chaises recouvertes d’un simili cuir bordeaux seraient disposées tout autour. Dans un coin, entre le réfrigérateur et la panière à pain, le fusil du père serait triomphalement rangé dans une housse en tissu marron. Il n’aurait toujours pas bougé depuis sa mort. De Continuer la lecture#anthologie #02 | Elle se regarderait en train de se regarder

#anthologie #01 | Comme si de rien n’était

Continuer comme si de rien n’était et pouvoir se dire qu’il sert encore à quelque chose. Il a d’abord hésité à partir. La pluie qui cogne au dehors. Le peu de temps passé ensemble. Il sent que chacun de ses départs la blesse. Qu’elle est assaillie. Il entend ses pas dans sa chambre en haut. Il reconnait sa détresse quand Continuer la lecture#anthologie #01 | Comme si de rien n’était

#anthologie #prologue | Avant l’eau

J’ai aimé être seule. J’ai rêvé que j’étais seule. Sans le bruit des enfants qui courent. Sans le cri des enfants qui jouent. Je me suis toujours sentie envahie par la présence des autres. Je me suis consumée de leur absence. Je me suis éteinte. J’ai fait semblant d’être bien avec eux, même quand le son des voix tambourinait trop Continuer la lecture#anthologie #prologue | Avant l’eau