A propos de Camille Bréchaire

Camille Bréchaire vit et enseigne la littérature à Angoulême. Il lit et écrit dès qu’il le peut.

#anthologie #19 | La partie de pêche

rien ne distingue les souvenirs des autres moments la rivière recouverte de lentilles à Ardillères, si denses qu’on croirait du sol en dur les cèpes sur le sentier du bois, énormes, étourdissants de volume, si bien qu’on avait d’abord pensé qu’il s’agissait de souches d’arbres échouées à même le chemin la rivière et la canne télescopique, jaune, du grand-père qui Continuer la lecture#anthologie #19 | La partie de pêche

#anthologie #18 l Agrandissement 1967

Photographie I : Juste une image. Celle d’une jeune fille adossée contre le mur de la maison, tout près du vieux chêne. Elle cherche à se protéger de la pluie, à se faire la plus discrète possible. Photographie II : Les os Tu es interpellé par la finesse de ses os, aussi fins que les tiens. C’est la première fois Continuer la lecture#anthologie #18 l Agrandissement 1967

#anthologie #17 | Alejandra

Elle m’écrivait qu’un bleu profond jusqu’au sommeil hisserait cet amour de l’autre côté des barreaux des fenêtres de la folie. Et qu’un regard semblable au mien raviverait la couleur exténuée de toute chose. Elle l’écrivait sur des post-its. Elle les laissait bien en évidence sur la table du salon, parmi les bouteilles et les miettes. Je me souviens de ses Continuer la lecture#anthologie #17 | Alejandra

#anthologie #16 | Une femme de chambre

Elle est comme une femme de chambre. Elle attend qu’il revienne. Le facteur est passé ce matin. Il faudra payer le loyer. Avant elle savait faire. Avant elle marchait jusqu’au bureau de poste pour envoyer un chèque avec le petit coupon vert et blanc. La quittance de loyer. Elle s’en souvient. Elle gardait précieusement toutes celles de Vincent quand il Continuer la lecture#anthologie #16 | Une femme de chambre

#anthologie #15 | Le mur

La vérité c’est que tu es folle… On peut tracer ta folie à la pointe d’un couteau… La lire sur les murs de la maison… Tu ne colles pas… Nulle part tu n’arrives à toucher le monde… Peu à peu l’angoisse de ne plus prendre part au quotidien s’est concrétisée… Le réel t’écrase comme un bloc de pierre… une chape Continuer la lecture#anthologie #15 | Le mur

#anthologie #14 | Parler de la pluie et du beau temps

On ne serait pas sur une forme de bonheur là… Enfin je veux dire comme ça, assis au soleil… On serait plutôt pas mal… On aurait le temps… De toute façon ça finira bien par passer… Tout passe dit mon père… Sauf la pluie… Surtout la pluie en fait… On est sur une forme de pessimisme… Limite cynique le type… Continuer la lecture#anthologie #14 | Parler de la pluie et du beau temps

#anthologie #13 | La cour

On y accède en suivant une ruelle étroite et étouffante. Déjà on aperçoit le palier du premier étage qui surplombe le parc du lieu qu’ils appelaient entre eux le château. Des branches s’étendant comme des bras lui fouettent le visage, griffent ses joues, écorchent ses oreilles. Les fenêtres très hautes s’ouvrent sur les arbres. Au loin, derrière le mur en Continuer la lecture#anthologie #13 | La cour

#anthologie #12 | Les laissés-pour-compte

La Rochelle, seize rue Saint-Sauveur – que reste-il de vos amours quand ton corps androgyne se soulevait dans vos étreintes. Peut-être que l’enfant ne dormait pas et prenait part dans les ténèbres de sa chambre à vos longs râles bestiaux dans le salon, aux chaloupés des corps, aux respirations fractionnées qui venaient ponctuer chacune de vos séquences. On dit que Continuer la lecture#anthologie #12 | Les laissés-pour-compte

#anthologie #11 | la nuit jusqu’au débord

et dire que les histoires qu’on invente sont les fables qui tiennent au corps, avec le froid dans la maison et les poumons qui brûlent à cause de la cigarette, l’asthme qu’il avait, et la rage déjà quand il balançait tous ses bouquins en dansant sur lui-même, moi j’entendais surtout ses cris à elle qui couvraient les siens, et qui Continuer la lecture#anthologie #11 | la nuit jusqu’au débord

#anthologie #10 | Dimanche 12 juin 1966

Il est déjà tard mais elle ne sait pas se coucher. Elle a quarante-trois ans. Elle passe la nuit à fumer des cigarettes, des rothmans rouge, accoudée à la minuscule lucarne du deux-pièces où elle a tenté de fuir avec son fils. Encore un deux-pièces. Elle repense à la rue Saint-Sauveur et à l’autre fils, François. Vincent dort dans la Continuer la lecture#anthologie #10 | Dimanche 12 juin 1966