A propos de Camille Bréchaire

Camille Bréchaire vit et enseigne la littérature à Angoulême. Il lit et écrit dès qu’il le peut.

#anthologie #29 | Les portes closes

Sur la porte dont je devinais la présence plutôt que je ne la percevais, tant le noir était devenu dense dans la chambre, une goutte, une simple et dérisoire petite goutte d’eau perlait. Je n’avais jamais remarqué cette porte auparavant. La veille, il y avait le mur à la place. Avant d’entrer chez nous je pose toujours mon oreille sur Continuer la lecture#anthologie #29 | Les portes closes

#anthologie #28 | Les sources

Nous vivions dans ton monde, dans tes tristesses, avec les piles d’assiettes entassées dans l’évier. La puanteur qui en résultait. Les mouches. La moisissure. Tes sommeils interminables. Parfois tout le jour. Et les nuits de solitude aussi, d’angoisse, passées à t’attendre, calfeutré sous une couverture, près de la grande affiche aux monstres – les marionnettes de Dominique Houdart – qu’il Continuer la lecture#anthologie #28 | Les sources

#anthologie #27 | Trois images de la vie d’une femme

Oublié au fond de la mémoire, au fond du tiroir familial, ton vieil album photos est figé dans l’ailleurs. Il attend qu’on vienne te chercher. Qu’on déchiffre le nom des rues, les lieux effacés pour ne pas qu’on t’oublie. Il sera là jusqu’à ta disparition. Il est une image de toi qui attend, inchangée, qu’on te reconnaisse. https://www.tierslivre.net/ateliers/anthologie-12-les-laisses-pour-compte/ Il faudrait Continuer la lecture#anthologie #27 | Trois images de la vie d’une femme

#anthologie #26 | La pluie et la fureur

Il y a du bruit partout dans la maison, dehors c’est la tempête, dehors les cris de la pluie continuent d’hurler contre les tuiles. D’en bas, elle perçoit le clapotis des gouttes qui envahissent le grenier. Elle n’a pas la force de monter. Elle n’a plus la force depuis longtemps déjà. Le craquement du plancher. Juste avant le bruit des Continuer la lecture#anthologie #26 | La pluie et la fureur

#anthologie #25 | L’odeur de mort est couleur de bleu

Par quel processus le cerveau d’un individu peut-il tenir éloigné de lui la perception d’un cadavre, et surtout son odeur ? Comment peut-il mettre tant de temps à identifier l’insoutenable univers olfactif qui gît devant lui ? Combien de temps un fils peut-il cesser de respirer devant le corps de sa mère allongée sur son lit, les pieds dans l’eau, Continuer la lecture#anthologie #25 | L’odeur de mort est couleur de bleu

#anthologie #24 | Une femme qui dort

Dès qu’elle ferme les yeux, l’aventure du sommeil commence. Elle sent la peau de sa peau se flétrir, gagner en épaisseur, et son corps, tout comme ses organes, ayant en quelque sorte renoncé à la légèreté, tombent dans une sorte de vide. C’est un instant inhabituel. Tout se déploie en elle, sans doute, et pourtant elle est comme extérieure à Continuer la lecture#anthologie #24 | Une femme qui dort

#anthologie #23 | Le sous-sol

Je ne me souviens pas d’une époque antérieure au sous-sol. Il a toujours été là, comme mes bras, mes jambes, ma tête qui repose sur mon torse, et sur personne d’autre. Nous étions assez enfants pour partager naturellement le même sol, même s’il y en avait deux. L’un en haut, l’autre en bas, mais nous n’avions pas besoin de celui Continuer la lecture#anthologie #23 | Le sous-sol

#anthologie #22 | Véritable route de campagne avec fictions

Derrière le portail de la petite maison de l’autre coté de la route, à peine dissimulé par une armada d’herbes folles, c’est un capharnaüm d’objets abandonnés qui bloque le passage jusqu’à la porte d’entrée. On dirait une cargaison de brocante à ciel ouvert, déchargée à la hâte, puis laissée à l’abandon. Il fixe d’abord son attention sur un matelas noirci Continuer la lecture#anthologie #22 | Véritable route de campagne avec fictions

#anthologie #21 | Vies annotées

Tu es tout l’inconnu assemblé en un seul corps (1). Ce corps gracile. Ces bras immenses où jouent l’enfant qui te sourit (2). Cet enfant main sur la bouche où retentit ton cri. Un cri de mère planté à la racine des dents (3). Ce cri d’enfant qui dit maman n’est pas le tien. Pourtant il est le sang qui Continuer la lecture#anthologie #21 | Vies annotées

#anthologie #20 l La pellicule des mythes

Tu es tout l’inconnu assemblé en un seul corps. Ce corps gracile. Ces bras immenses où jouent l’enfant qui te sourit. Cet enfant main sur la bouche où retentit ton cri. Un cri de mère planté à la racine des dents. Ce cri d’enfant qui dit maman n’est pas le tien. Pourtant il est le sang qui enfante l’autre mais Continuer la lecture#anthologie #20 l La pellicule des mythes