A propos de Camille Bréchaire

Camille Bréchaire vit et enseigne la littérature à Angoulême. Il lit et écrit dès qu’il le peut.

#anthologie #13 | La cour

On y accède en suivant une ruelle étroite et étouffante. Déjà on aperçoit le palier du premier étage qui surplombe le parc du lieu qu’ils appelaient entre eux le château. Des branches s’étendant comme des bras lui fouettent le visage, griffent ses joues, écorchent ses oreilles. Les fenêtres très hautes s’ouvrent sur les arbres. Au loin, derrière le mur en Continuer la lecture#anthologie #13 | La cour

#anthologie #12 | Les laissés-pour-compte

La Rochelle, seize rue Saint-Sauveur – que reste-il de vos amours quand ton corps androgyne se soulevait dans vos étreintes. Peut-être que l’enfant ne dormait pas et prenait part dans les ténèbres de sa chambre à vos longs râles bestiaux dans le salon, aux chaloupés des corps, aux respirations fractionnées qui venaient ponctuer chacune de vos séquences. On dit que Continuer la lecture#anthologie #12 | Les laissés-pour-compte

#anthologie #11 | la nuit jusqu’au débord

et dire que les histoires qu’on invente sont les fables qui tiennent au corps, avec le froid dans la maison et les poumons qui brûlent à cause de la cigarette, l’asthme qu’il avait, et la rage déjà quand il balançait tous ses bouquins en dansant sur lui-même, moi j’entendais surtout ses cris à elle qui couvraient les siens, et qui Continuer la lecture#anthologie #11 | la nuit jusqu’au débord

#anthologie #10 | Dimanche 12 juin 1966

Il est déjà tard mais elle ne sait pas se coucher. Elle a quarante-trois ans. Elle passe la nuit à fumer des cigarettes, des rothmans rouge, accoudée à la minuscule lucarne du deux-pièces où elle a tenté de fuir avec son fils. Encore un deux-pièces. Elle repense à la rue Saint-Sauveur et à l’autre fils, François. Vincent dort dans la Continuer la lecture#anthologie #10 | Dimanche 12 juin 1966

#anthologie #09 | Une grande inspiration

c’est ça, respirer, c’est de ça dont j’ai besoin, une bonne bouffée d’air frais, une grande inspiration pour dire enfin les choses, ma mère devra m’écouter cette fois, papa n’est plus là pour la protéger, pour mettre entre elle et moi ce mur de silence que je n’ai jamais osé rompre, parce que sa présence justement, c’était tout ce qui Continuer la lecture#anthologie #09 | Une grande inspiration

#anthologie #08 | La goutte

Sur la porte dont je devinais la présence plutôt que je ne la percevais, tant le noir était devenu dense dans la chambre, une goutte, une simple et dérisoire petite goutte d’eau perlait. Je n’avais jamais remarqué cette porte auparavant. La veille, il y avait le mur à la place. Mais peut-être cette confusion était-elle due au manque de sommeil. Continuer la lecture#anthologie #08 | La goutte

#anthologie #07 | Mon rêve d’eau

Dans la banalité des heures solitaires, entre mon jardinet, ma table de travail et le mur qui me fait face, je me délecte intimement du caractère répétitif de mes vacances à venir. D’une certaine manière, elles ont, dans la projection fantasmatique que je m’en fais, le caractère et la valeur d’un rituel qui doit enfin me permettre d’écrire. C’est ainsi Continuer la lecture#anthologie #07 | Mon rêve d’eau

#anthologie #06 | L’âge de ses artères

Hélène veut de nouvelles chaises. Il ne veut pas. Il ne voit pas l’intérêt d’en acheter d’autres alors qu’il y en a déjà plein la maison. Elle ricane à l’intérieur. Son fils ne cédera jamais rien à sa bru. Elle le connaît. Il est comme était André. Il vivote. Quand elle sera morte, il ne voudra rien changer, il préfèrera Continuer la lecture#anthologie #06 | L’âge de ses artères

#anthologie #05 | L’homme-toupie

Mais moi, je l’ai ressentie comme tout le monde, cette violence tout au fond de soi qui vous fait comme des fourmis dans les bras, tellement que ça vous brûle de l’intérieur tous ces abandons. La peur et tout ce qui va avec. Les sommeils en retard. Les tracas qui tournent comme une toupie au fond de la tête (se Continuer la lecture#anthologie #05 | L’homme-toupie

#anthologie #04 | Tenir Lieu

1 Dans la maison où elle se tient, corsetée par la peur de l’eau qui pénètre les murs, des nuits à l’odeur de moisissures, aux hurlements des flots, des arbres qui cognent aux volets ou des tuiles qui s’envolent, elle ne distingue plus ce qui tambourine. La montée des eaux a tout recouvert. Des branches d’arbres peut-être. Non, c’était plus Continuer la lecture#anthologie #04 | Tenir Lieu