A propos de Camille Bréchaire

Camille Bréchaire vit et enseigne la littérature à Angoulême. Il lit et écrit dès qu’il le peut.

#anthologie #40 | Ces gens-là

Premier registre : Qui en serait l’auteur ? Un jour, Il a récupéré le bureau d’enfance du père. C’est une table modeste maculée de taches d’encre. Son grand-père a refait l’un des pieds dans un bois plus clair et un peu tordu. Il est bas. Ses genoux cognent contre le tiroir. C’est désagréable et la plupart du temps il a Continuer la lecture#anthologie #40 | Ces gens-là

#anthologie #39 | Trou de mémoire

Dans l’histoire d’avant mon histoire, la mère part le soir. Elle part sans que l’enfant sache le départ de sa mère. La buée frêle du souffle sur le velux du salon. Dans l’autre pièce l’enfant et l’envie qui te tord le ventre d’en finir avec tout ça. De partir pour de bon. Difficile de repousser la fatigue et les idées Continuer la lecture#anthologie #39 | Trou de mémoire

#anthologie #38 | Mercredi 29 juillet 1981

Hélène se méfie des hommes, depuis sa rupture avec David, et cette nuit de mai mille neuf cent soixante dix-neuf où elle s’est retrouvée seule et démunie sur le Vieux-Port avec François, elle les fuit. À trente-quatre ans, elle n’a plus le temps de jouer aux billes comme on dit. Elle est à nouveau seule avec un fils de treize Continuer la lecture#anthologie #38 | Mercredi 29 juillet 1981

#anthologie #37 | Distorsions

Je vis ma mère qui fumait une cigarette à la fenêtre. Elle recrachait toujours la fumée à l’intérieur quand elle parlait. Moi j’étouffais. Je faisais semblant de respirer. Elle ne sait pas que cette histoire me distord le ventre. Elle racontait j’ai le souvenir d’un jour où il est rentré au petit matin ivre mort, hilare en nous réveillant pour Continuer la lecture#anthologie #37 | Distorsions

#anthologie #36 | Le puits

La douleur tient ton corps entier serré. Tu viens d’être père. Tu as quitté la Charente Maritime et la tranquillité d’une petite ville de province. Les nuits de tarot au café Le Français, quand c’était le plus endurant, celui qui conservait sa vigilance jusqu’au petit matin, qui remportait la mise. Les copains du rugby, les fêtes, les troisièmes mi-temps avec Continuer la lecture#anthologie #36 | Le puits

#anthologie #35 | La forêt du lieu-dit du père

Voix off : Que va-t-il advenir de toute cette pluie, dit-elle, alors que depuis une heure, peut-être plus, l’averse n’en finissait pas de l’alanguir.  Le fleuve avait disparu. La berge et avec elle la jetée. Le petit banc de pierre devant le restaurant Les Glycines. Tout était inondé.  Voix off :  Enfin on le supposait parce que l’eau était entrée dans la Continuer la lecture#anthologie #35 | La forêt du lieu-dit du père

#anthologie #34 | Point de suture

Voulant aimer encore j’ai pris mon frère par le bras je n’ai pas cherché à réfléchir aux conséquences on s’est retrouvés sur le bord de la route et on a marché comme ça peut-être deux ou trois kilomètres sur le bas-côté pendant que je réfléchissais à ce qu’on allait bien pouvoir faire après.Point de suture.Je suis seule.Elle s’écrie c’est dans Continuer la lecture#anthologie #34 | Point de suture

#anthologie #33 | Rien le paysage intact et du délire

La lumière est une ligne qui traverse les maisons, un oiseau dans un corps de femme. L’humidité partout, sans référence, les ailes pliées, ici, parmi les formes dépecées, avalées la paroi des murs, une somme, nous avançons, de nuit en nuit un texte qui bruisse, nos souffles au fond ont basculé. Les cimes calcinées de la matière, le paysage un Continuer la lecture#anthologie #33 | Rien le paysage intact et du délire

#anthologie #32 | Entre les murs

La tige d’un jonc est droite et flexible. Elle s’arrache d’un coup sec. Le sol de la maison est constellé de fissures. Les rhizomes traçants ont permis aux bambous d’envahir la cour. C’est peut-être pour ça qu’elle tient encore debout. La porte est recouverte de condensation. L’hiver il faut mettre une guenille sur le carrelage et colmater les fenêtres. C’est Continuer la lecture#anthologie #32 | Entre les murs

#anthologie #31 | Les pieds devant

Avant de mourir, il aurait fallu se dire une dernière fois les choses, c’est ça qu’il aurait fallu faire, ne rien attendre de l’avenir puisque qu’on n’avait plus le temps de se raconter des histoires, alors j’ai dit à ton père que je voulais mourir, qu’il ne fallait pas compter sur moi pour vivre avec elle, enfin plutôt crever, oui Continuer la lecture#anthologie #31 | Les pieds devant