A propos de Brigitte Célérier

une des légendes du blog au quotidien, nous sommes très honorés de sa présence ici – à suivre notamment, dans sa ville d'Avignon, au moment du festival... voir son blog, s'abonner, commenter : Paumée.

#anthologie #25 | bouquet de hasard

L’odeur de la laisse de mer au petit matin, nez qui picote et aigreur ronde et riche. L’odeur de la poussière dans le rayon filtrant entre volets entrebâillés aux heures chaudes. L’odeur de mon renvoi de peine froide en pensant ton absence. Les odeurs que j’ai oubliées, celles que vous aviez. L’odeur de ta pipe, mon Père, de celles dont Continuer la lecture#anthologie #25 | bouquet de hasard

#anthologie #24 | le groupe apaisé 

Ils dormaient — et pour une fois ils n’étaient pas simplement allongés écrasés au sol voulant l’épouser  ne le pouvant mais ayant sombré en lui tout de même désireux de se perdre mais avec un rien de tension dans l’épaule ou le cerveau prêt à la défense, ils dormaient vraiment. Ils n’étaient plus là ou le monde n’était plus là Continuer la lecture#anthologie #24 | le groupe apaisé 

#anthologie #23 | en glissant

On chercherait comment, on ouvrirait le placard où vivent secrets et muets les compteurs d’eau, on se glisserait | ah dame faudrait pas être bien ossu et bien gras, on crierait à ceux qui ne pourraient pas d’aller voir dans la maison voisine, justement elle était en travaux | on se glisserait derrière les compteurs et là il y aurait Continuer la lecture#anthologie #23 | en glissant

#anthologie #22 | rue du Limas

Avril 2006 Je suis arrivée pour la seconde fois | mais la première j’étais quasi comateuse et partagée entre mon intérêt pour ma soeur et pour des lieux où je peinais à m’imaginer pendant une vie future | avec la jeune femme de l’agence immobilière pour la remise des clés et l’état des lieux ; j’ai abordé le petit tronçon Continuer la lecture#anthologie #22 | rue du Limas

#anthologie #21 | ressassement ou remords

Seule dans la petite foule bavarde qui suit son chemin entre échoppes et table. Seule dans le désert du trottoir sur lequel rebondit la lumière ardente 1. Seule avec mes pensées parmi vos corps, vos rires, vos exclamations et vos muettes ruminations 2. Seule avec mon couffin parmi les sacs de carton siglés dansant au bout des bras 3. Seule Continuer la lecture#anthologie #21 | ressassement ou remords

#anthologie #20 | te regardant

Je n’ai qu’une photo de toi… J’en ai vue d’autres, y compris de ton enfance, je n’en ai souvenir que de vos trois silhouettes aux tailles décroissantes à partir de la  tienne. Je n’ai de toi que des impressions presque effacées, celles qu’une enfant ou une adolescente peut avoir d’un adulte bienveillant et un peu distant. Mais quand nous avons Continuer la lecture#anthologie #20 | te regardant

#anthologie #19 | images sans statut

En noir et blanc, la blancheur terrible de la lumière, une petite silhouette vieille et rabougrie vêtue de noir au fond à gauche, tenant dans ses bras un flot de linge blanc d’où émerge le petit point rose | que l’image rend en gris |d’une joue de nourrisson ; le visage raviné coiffé d’une toque noire à voilette se tourne Continuer la lecture#anthologie #19 | images sans statut

#anthologie #18 | in memoriam images et appareil

Puisque n’ai pas lu Hervé Gibert, mais que je le crois, liste rapide de mes mémoires photos (avec quelques réponses à sa table des matières) 1 — les albums reliés de la commode  2 — le tiroir du secrétaire 3 — la grande radio au fond de la penderie 4 — le petit kodak 5 — l’appareil suicidé 6 — Continuer la lecture#anthologie #18 | in memoriam images et appareil

#anthologie #17 | comme des souvenirs

L’ai connu le petit Char, oh il était tout jeune, c’était pendant la guerre, celle qu’on appelle la grande, en 1916 je crois, il devait avoir neuf ou dix ans, et moi j’en avais trois de plus et j’étais la fille du forgeron. Pendant la guerre l’instituteur de l’Isle lâchait un peu plus tôt les élèves qui habitaient en dehors Continuer la lecture#anthologie #17 | comme des souvenirs

#anthologie #16 | écouter son silence

Il était assis dos à la porte-fenêtre, à contre-jour et comme toujours quand ils étaient plusieurs, les familiers de la maison, ceux qui étaient leurs amis, évidemment, il se taisait, ne montrait rien, il écoutait ou semblait écouter, c’était comme s’il n’était pas là, qu’il avait posé son image à la limite du cercle. Les voix se répondaient autour de Continuer la lecture#anthologie #16 | écouter son silence