A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

#gestes&usages #01 | vigée lebrun

8:00 se laisser glisser du litmonter sur la balancese recoucher9;00 choisir france inter sur sonos9:01 24 0009:02 il aimerait bien les voir en noir les vingt quatre mille cadavres c’est plus irréel fiction y’aurait marlon brando the fugitive kind qui se fait tabasser mais c’est pas vrai il va en sortir vivant et il rejouera un autre film avec sa Continuer la lecture#gestes&usages #01 | vigée lebrun

#enfances #09 | nuit américaine

Les fenêtres étaient couvertes d’une épaisse peinture bleue pour ne pas être vus des avions. On disait que c’était les allemands occupants qui avaient décidé ça pendant la guerre mais quelqu’un l’avait grattée dans le coin en bas à droite juste à hauteur de mes yeux et les soirs de tempête je regardais la mer déchaînée, le phare et ses Continuer la lecture#enfances #09 | nuit américaine

#enfances #08 | béa, david, eva, léo & moi

Le père les mettait pour cueillir les salades, remuer la terre mais ça ne pouvait pas être que ça, il y avait certainement autre chose pour oser mettre aux pieds un objet aussi laid et d’aussi peu d’intérêt. Tu voulais vérifier, les enfiler, bottes de sept lieux, courir, sauter, marcher dans la neige, grandir. Alors je suis entré silencieusement dans Continuer la lecture#enfances #08 | béa, david, eva, léo & moi

#enfances #07 | fer rails

Ferrailles dorées, droites, courbes, tenues ensemble par des petites traverses en bakélite noire, les emmancher les unes dans les autres pour faire un long circuit, monter dévaler des collines de boites à chaussures couvertes de ce papier marron moucheté que tu utilisais aussi pour, en décembre, créer une grotte au dessus de la crèche. Les paysages que ça ouvrait, les Continuer la lecture#enfances #07 | fer rails

#enfances #06 | marie laforêt

Je dirais autour de Noël, à l’étage, ça parlait beaucoup, nous les petits, on ne nous avait rien dit, tenus à l’écart. Là haut, le ton était plutôt triste en cette période de guirlandes et boules dans le sapin. C’était trop loin pour qu’on puisse saisir même un mot mais tout d’un coup et tout juste un peu plus triste, Continuer la lecture#enfances #06 | marie laforêt

#enfances #05 | vous étiez si beaux

j’enlève les petites roues tu vois tu ne tombes pas l’odeur entêtante des troènes attire les gros hannetons qui ronronnent en volant les raisins roulent sur le trottoir, échappés du cabas de la vieille dame qui est tombée d’un coup et que tu ne reverras plus. en surplomb du lac aux bateaux bleus, le sourire du couple si beau, ton Continuer la lecture#enfances #05 | vous étiez si beaux

#enfances #04 | singulier

Ce matin, le père est parti, pas n’importe où : il est parti à la guerre qu’on n’appelle pas une guerre mais eux semblent savoir que c’en est une, ils se sont regardés, parlé bas, frôlés, évités, embrassés et il est parti. Pas une heure après, l’enfant est pris de quintes de toux bizarres, son front est chaud, de la Continuer la lecture#enfances #04 | singulier

#enfances #03 | Asie(1)

Retour de Roissy, le monde entier dans l’aéroport puis dans le RER. En à peine trente kilomètres, un voyage entre langues, couleurs de peaux, vêtements. Après, dans le métro, ces enfants, un groupe, une classe peut-être, l’œil vif, l’énergie à fleur d’oreille, clavier de téléphone alerte. Savent ils que, dans ce wagon, à quelques centimètres d’eux, quelqu’un dont l’habitude est Continuer la lecture#enfances #03 | Asie(1)

#enfances #02 | dominos

Disons les poussins du poulailler. Où d’autre aurais-je entendu cette idée de la poule les œufs les poussins, où aurais-je pris cette envie prématurée de donner vie. Les œufs sont restés longtemps au chaud dans des chaussettes de laine sur l’étagère de l’armoire. Évidemment, des poussins allaient en sortir, une fois par jour j’allais surveiller l’émergence de vie, l’armoire avait Continuer la lecture#enfances #02 | dominos

#enfances #01 | tourniquet

Pas loin, derrière la grille sur laquelle s’appuie le poulailler, un terrain vague où s’installe un chapiteau, un ou deux mois, repartent, reviennent. Les regarder monter l’immense tente est un grand bonheur du père. La plupart du temps nous les regardons de la grille de la maison mais soudain, n’y tenant plus il nous entraine : chèvre, cheval, rarement un Continuer la lecture#enfances #01 | tourniquet