A propos de Anne P

Diariste depuis l'adolescence, je cherche à apprendre d'autres écritures au contact d'une communauté qui partage mes intérêts. Voir ce que ça va donner. J'ai l'impression d'avoir trouvé le bon endroit chez Tiers Livre !

#anthologie #06 | seule dans la promesse

Allongée seule sur mon canapé, j’entends les derniers clients sortir du café dans la rue en bas de chez moi. La nuit m’enveloppe avec douceur, un souffle d’air fait danser des ocelles de lune sur les murs, le moment se prolonge sans effort. La mélancolie reste à distance. Je me souviens du ruissellement de la lumière dans les grands bouleaux Continuer la lecture#anthologie #06 | seule dans la promesse

#anthologie #05 | la météo du corps

Gérard, y fait chaud ! Mais qu’est-ce qu’y fait chaud ! Apporte-moi un verre d’eau s’il te plaît, j’en peux plus. Ah ça sonne, mais qui ça peut-y bien être à c’heure ci ? Allô ? Ah c’est Véronique ! Alors, vous avez quel temps ? Parce que nous, on a chaud, mais chaud ! Mais c’est insupportable, cette chaleur ! Et c’t après-midi, y a Serge et Continuer la lecture#anthologie #05 | la météo du corps

#anthologie #04 | fragments du verbe habiter

1 Habiter, c’est pouvoir laisser des objets derrière soi quand on n’est pas là, et être raisonnablement certain qu’ils seront encore là quand on reviendra. 2 Il y a tant de façons d’habiter ou de vouloir habiter : avoir un logement de fonction, habiter en meublé, en pension de famille. Se loger chez l’habitant. Être hébergé dans un gymnase en attendant Continuer la lecture#anthologie #04 | fragments du verbe habiter

# anthologie #03 | le savon

Je sors de la douche et je vois le savon. Je viens de me laver, je n’ai pas besoin de me laver les mains. Mais le savon semble m’appeler. Il faut dire que c’est un tout petit bout de savon translucide couleur miel, peut-être qu’il me dit de le remplacer. Mais pourquoi je jetterais ce bout de savon qui peut Continuer la lecture# anthologie #03 | le savon

#anthologie #02 | au 7e étage

A gauche de la porte lourde à la peinture vert bouteille, un miroir vertical serait accroché au mur peint en jaune par des attaches rondes en plastique noir. Un peu plus à gauche, un radiateur à bulles blanc crème au premier plan, derrière lequel on verrait un panneau en bois puis, plus à gauche, un réfrigérateur bas blanc au rebord Continuer la lecture#anthologie #02 | au 7e étage

#anthologie #01 | le TGV

Le TGV. Un aller-retour par semaine pendant huit ans. Y repenser maintenant comme à la vie d’une autre. La veille, faire sa valise. Préparer ses vêtements et les mettre dans le salon. Dire au revoir au mari et au bébé. Ces nuits du dimanche au lundi, les mâchoires serrées, être déjà un peu partie, dormir peu et mal. Le matin, Continuer la lecture#anthologie #01 | le TGV

#anthologie #prologue | du je au nous

Au départ, je n’étais qu’une cellule. Puis deux, puis quatre. Huit. Seize.  J’ai eu une tête. J’ai eu des bras. Des jambes. Des mains. Des doigts. J’ai remué. J’ai sucé mon pouce. J’ai dormi. J’ai donné des coups de pied. J’ai entendu des voix. J’ai appris des goûts. J’ai dormi. J’ai flotté. Je t’ai donné des coups de pieds. J’ai Continuer la lecture#anthologie #prologue | du je au nous

les_40 #11/40 lire écrire

C’était l’époque où le mot « paratexte » m’était inconnu. J’étais fascinée par ces inscriptions mystérieuses : © ; ISBN ; achevé d’imprimer le – – – par Brodard et Taupin. Ensuite, j’ai voulu être Fantômette et vénéré Georges Chaulet, qui l’avait inventée. Et puis je ne sais pas comment, à douze ans, je me suis retrouvée de l’autre côté et j’ai commencé à écrire, Continuer la lectureles_40 #11/40 lire écrire

les_40 #10/40 pendant que

Pendant que je me promène, je remarque un scarabée sur le sentier et un planeur dans le ciel ; je rentre chez moi et une envie de repartir me prend ; j’entends sa voix, je m’aperçois que je n’écoute pas ; j’entre dans le restaurant, je sens qu’une femme sur son balcon me regarde ; je regarde cette façade, je m’aperçois qu’elle est en Continuer la lectureles_40 #10/40 pendant que

les_40 #09/40 ne pas s’attarder sur

Ne pas m’attarder sur cette langue de bois vue comme la norme, cette violence du quotidien, cette parodie d’action cache misère, ces inégalités, ces hypocrisies, ces arrangements, ces petits mensonges, ces gros non-dits, ces omissions, ce j’m’en foutisme, cet égoïsme, cette arrogance – ne pas m’attarder sur mon indignation sans conséquence.