A propos de Anh Mat

Né en 1982 à Toulouse. 24 ans après, départ pour Saigon où je vis et écris. Errances littéraires et audiovisuelles sur le web depuis 2013. « Il y a quelqu’un », nouvelle (revue nerval) « Monsieur M », roman (publie.net) « cartes postales de la Chine ancienne »,poésie (éditions Qazaq) « Retour sur soi » éditions Qazaq » « au sujet de la vidéoécriture » (revue Oeuvres ouvertes) « Người nước ngoài » revue Dires résidence numérique sur Glossolalies.net, programmé au festival « extra LittéraTube », Beaubourg contributeur régulier chez « les cosaques des frontières » anime le site www.lesnuitsechouees.com

#anthologie #07 | pour que le lieu d’écrire m’ouvre la porte

Le bruit des chantiers à côté a enfin cessé. L’écho des coups de marteaux tapent encore dans le crâne. À moins que ce ne soit les chantiers d’écriture en cours qui commencent à se faire entendre, et écrivent déjà sans moi, alors que je ne me suis pas encore assis à ma table. Je reste debout, à la fenêtre, dans Continuer la lecture#anthologie #07 | pour que le lieu d’écrire m’ouvre la porte

#anthologie #06 | seul dans la ville étrangère

Seul dans la ville étrangère, par les rues inconnues, seul devant leurs noms imprononçables, sur des trajets menant nulle part, avec l’errance pour seule compagne, en qui je n’ai aucune confiance, seul à la merci des pas qui ne sont pas les miens, seul dans mon corps où l’âme est bien trop à l’étroit, seul derrière mon visage juvénile qui Continuer la lecture#anthologie #06 | seul dans la ville étrangère

#anthologie #05 | mère porteuse de monstruosités

Je porte son corps devant vous, par terre, au feu rouge, à l’heure où vous rentrez chez vous, j’exhibe mon petit monstre. Si je le nomme ainsi, c’est parce que je sais comment vous le regardez. Ce n’est ni la moquerie, ni la tristesse que je lis dans vos yeux, mais l’horreur, parfois même le dégoût. Quelqu’un ici veut-il porter Continuer la lecture#anthologie #05 | mère porteuse de monstruosités

#anthologie #04 | habiter l’étranger

Habiter une chambre à 100 dollars le mois, y entretenir son décalage horaire pendant deux ans, aucun rythme de vie, ne plus savoir le nom des jours, attendre n’importe quand la tombée de la nuit, se dire qu’on est parti si loin pour s’enfermer entre quatre murs, à l’abri de la langue étrangère, de l’autre, toujours menaçant, il a beau Continuer la lecture#anthologie #04 | habiter l’étranger

#anthologie #03 | montre cassée

Je l’ai retrouvée là où je l’avais laissée, il y a trente ans, ma montre cassée. Maman ne l’a pas touchée depuis. Elle n’a pas bougé d’un millimètre. Peut-être bien que si, en faisant la poussière, elle l’a bien dû la soulever une fois ou deux, puisque la table est propre. Ma montre cassée n’a pas connu d’autre poignet que Continuer la lecture#anthologie #03 | montre cassée

#anthologie #02 | le tour de la cuisine

On voit le reflet d’un homme assis, dans la fenêtre, fragmenté par le croisillon, oeil droit carreau droit, oeil gauche carreau gauche, un bout de de barbe de part et d’autre, le nez invisible, il doit regarder au loin, dans le champ, vers le pommier, il ne regarde rien, il est absent, les murs en pierre, le bruit de la Continuer la lecture#anthologie #02 | le tour de la cuisine

#anthologie #01 | idecaf

Le bourdonnement d’une conversation au loin, le son des voix encore indistinctes, sans pouvoir discerner les mots ni la langue. Passer devant les affiches des spectacles du mois, chaque pas semblant mener à la source des voix, deux, deux dans le même corps de dos, un uniforme, celui du garde vouté sur sa chaise, une fois dépassé, découvrir ses yeux Continuer la lecture#anthologie #01 | idecaf

#anthologie #prologue | lèvres ouvertes

Je sors de lèvres ouvertes sur la lumière. Je n’ai rien demandé. J’étais chez moi dans le noir. Débusqué, je tente de ralentir ma chute, je m’accroche aux parois, rien à faire. Je suis tiré vers l’extérieur par des gants ensanglantés. Je ne pleure pas alors on me croit mort. Je reste inerte sous la petite fessée censée me réveiller Continuer la lecture#anthologie #prologue | lèvres ouvertes

#été2023 #02bis | Jokari, vers l’Eden

J’essaie de trouver l’Eden sur l’application. Le nom est introuvable. Je me rappelle du nom de l’avenue, pas certain du numéro mais je reconnaitrai l’immeuble une fois là-bas. Mon chauffeur rejoint le banc de poissons mécaniques, son flux incessant, il joue de la nageoire, du guidon, monte sur le trottoir, à 20 km/h les façades changent de couleurs, de matière, Continuer la lecture#été2023 #02bis | Jokari, vers l’Eden

#été2023 #02 | Du lieu au personnage, l’Eden

C’est désormais un centre commercial flambant neuf. Il ne reste rien de L’Eden. Pas un carreau, pas une pierre. L’immeuble a été détruit, il y a… 12, 15 ans ? Comment se situer dans une temporalité qui n’est pas la mienne. Quand ils ont commencé à l’abattre, j’étais encore dedans, tout comme quelques personnes vivant là depuis toujours. J’erre dans Continuer la lecture#été2023 #02 | Du lieu au personnage, l’Eden