A propos de Antoine Gentil

Enseignant spécialisé auprès d'adolescents en ruptures sociales. Anime des ateliers, écrit du théâtre et des textes de chanson.

L’ami de mon ami

Tu m’avais parlé de lui. Tu m’avais dit. Tu m’avais dit sa force de travail. Tu m’avais dit l’espérance. Tu m’avais dit les réalisations. Tu m’avais dit la ville. Tu m’avais dit le football. Tu m’avais dit le regard. Tu m’avais dit les possibles. Tu m’avais fait comprendre. La hauteur d’esprit. La simplicité. Et j’avais lu. Manifestement, tu avais trouvé. Continuer la lecture L’ami de mon ami

Sur le vif

Auto-stoppeur au Pont-de-Champ. Grand adolescent, –Merci Monsieur, je vais devant la Mairie de Pont-de-Claix. Un bas de survêtement, une veste matelassée usée, cheveux noirs écrasés. Odeur de tabac. Il est d’ici. Ce territoire où l’on rejoint. Parce qu’on est périurbain. Le relief est sédimentaire. La Romanche verse dans le Drac. La plaine est à l’industrie et aux bancs de graviers. Continuer la lecture Sur le vif

Où sont les invisibles ? Où sont les incasables ?

Imprimés Mickeys rouges et noirs sur pantalon de pyjama, survêt Lacoste, casquette noire constellée de diamants en plastique violets, veste noire déchirée sous les bras faisant ouverture sur des nuages de bourre blanche et cotonneuse, fourrure rose épaisse, fond de teint, noir aux yeux, anorak, parka, doudoune eskimo rouge, survêt rose et bleu en bandes verticales, sabots fourrés, casquette logée Continuer la lecture Où sont les invisibles ? Où sont les incasables ?

Celles

Celle qui rétorque et s’entête et s’enthousiasme dans une chambre en foutoir. Celle qui s’inquiète et se préoccupe et s’emporte sur un canapé d’angle. Celle qui s’intrigue et retourne et répète au-dessus des gamelles fumantes. Celle qui calme le jeu et laisse courir et s’adapte en nageant dans les vagues. Celle qui cadenasse et protège et fond en larmes dans Continuer la lecture Celles

Visage

Paupières closes parce que tu t’appliques. S’entrouvrent pour suivre tes doigts. La recherche dans le regard. Le tempo avec les joues. Parce que tu te concentres. Les sourcils qui s’avancent. Tu portes l’eau au creux de la main jusqu’à tes yeux. Tu les asperges. Des ruissellements se forment jusqu’au menton. Tu reprends de l’eau au creux de la paume pour Continuer la lecture Visage

Œil pour œil

Sous les yeux. Sous les câbles. Usines. Comme compactées. Chimie. Chlore. Hydrogène. Zirchonium. Diamants synthétiques. Air liquide.Tubes, cuve , cheminées, échelles, escaliers, passerelles, wagons-citernes. Des liaisons, des passages, des réservoirs. Illisibles. Mystérieux. Ainsi que je représenterais un cerveau. Par le chemin à flanc. Derrière les lotissements ouvriers. Au replat, deux pylônes jumeaux. Écouteurs aux oreilles. Very good trip en replay. Continuer la lecture Œil pour œil

Dictionnaire

Après déménagement, comment on part de là. Comment on s’empare ? Comment on tient. Comment on comprend. Qu’est-ce qu’on fait là. Recueil face au pylône. Des câbles, la courbure. Entre les pylônes. Entre les lignes haute tension. Suite logique dans l’espace. Les routes vers la ville et ses ronds-points et ses enfants perdus, ses invisibles. Ces points d’où je suis, Continuer la lecture Dictionnaire

4 Hypothèses

Une trace sous la main d’un enfant du terre-plein. Le gravier incrusté. Il se serait retourné, allongé sur le ventre, coudes sur une touffe d’herbe, comme l’enfant d’une eau-forte de Rembrandt, celui qui se détourne. De l’index, aurait dessiné sur le sol, inaccessible aux circulations du carrefour : moto frôlant la poussette de la petite sœur, bras s’extirpant de l’habitacle Continuer la lecture 4 Hypothèses

27-09-2019-2009-1999

La matraque sous le cou. Son pote, étranglé. — Ta gueule! Bouge pas! Peau rougie. Veines. Il est parti en vrille. A foncé dans le gros. Chuté, redressé. A couru dans la nuit, vent de face. Ses affaires à l’oubli. Sa moto en plan. L’autre derrière, avec les menottes. Sprinter grotesque. Rien qu’un bus vide et lumineux sur le cours. Continuer la lecture 27-09-2019-2009-1999