A propos de Anne Dejardin

Projet en cours "Le nom qu'on leur a donné..." Résidences secondaires d'une station balnéaire de la Manche. Sur le blog L'impermanence des traces : https://annedejardin.com. Né ici à partir du cycle«Photographies». Et les prolongations avec un texte pour chaque nom qui dévoile un bout de leur histoire. Avec audios et vidéos, parce que des auteurs ou comédiens ont accepté de lire ces textes, l'énergie que donnent leurs voix. Merci. Voir aussi sur Youtube.

hors-série #2 | essuie-tout

Essuie-tout à l’appellation qui diffère selon le pays. Qui porte le nom de la marque plutôt que celui de sa fonction comme une victoire de la commercialisation sur son usage. Essuie-tout, ce qui est mouillé, renversé ou qu’on refuse de toucher. Il est là, il s’interpose, évite le contact direct depuis la chair des doigts, les gardera propres. Une sorte Continuer la lecturehors-série #2 | essuie-tout

#P6 Effleurer à rebrousse-poil

La lame du cutter sur la ligne noire au crayon guidée par la règle en plastique blanc. L’épaisseur du papier aquarelle qui résiste oblige le cutter à refaire le même trajet, de gauche à droite. Il faut mettre le corps debout pour peser sur la lame, mais c’est insuffisant. Il faut qu’elle morde plus profond jusqu’à la plaque métallique. Une Continuer la lecture#P6 Effleurer à rebrousse-poil

Voix narratrice

Elle, elle sait. Tout. Ce qui va se passer et aussi ce qu’elles ont dans la tête, la mère comme sa petite fille. A quoi elle pense à l’instant où elle s’approche de la fenêtre, elle le sait. Elle est la « Sans question ». Celle qui peut répondre à l’autre pleine de doutes, qui avance dans le brouillard glaçant, les bras tendus Continuer la lectureVoix narratrice

Epuiser le chagrin

partir et toujours faire promettre qu’on reviendra même si c’était pas si bien que ça, quitter un lieu de vacances, un ami, sa mère, son enfant devenu grand, quelqu’un dont on espérait tout le long du séjour le départ pour se retrouver seul chez soi enfin, voir un train qui s’éloigne, une voiture, un chat écrasé, un oiseau dans la Continuer la lectureEpuiser le chagrin

Effacer la buée

1. le jour comme tracé de l’éclair dans la lézarde du mur contre le lit comme toucher du doigt le jour qui se lève. 2. le lit à baldaquin, rêve devenu oppression, les quatre torsades de bois travaillé, sculptés, métamorphosés dans la nuit en barreaux. 3. la buée sur la vitre en plus du rideau transparent pour barrer la vue, Continuer la lectureEffacer la buée

Qui, elle ?

Elle arrive quelque part. Arriver et quelque chose dans son corps le porte, l’annonce. Elle est arrivée quelque part. Même si c’est momentanément. Même si c’est un endroit où la mort rôde. Juste en descendant du train en posant son sac à dos sur le quai, qu’elle sache où elle va ou pas. Un bref instant son corps l’affirme, elle Continuer la lectureQui, elle ?

Bouchon

Eau qui coule et penser d’abord à celle-là, une eau qui bouge, glisse, fuit, qui n’est jamais la même. Le bouchon orange fluo qu’elle emporte entraînant le regard, de la main retenir la ligne un peu par un fil transparent, invisible, finir par le sortir de là pour le rejeter en amont précisément à l’endroit d’où il vient et ce Continuer la lectureBouchon

Devant la cuisinière.

Elles sont deux devant la cuisinière. Dans la cuisine la cuisinière et elles à deux devant. La mère n’est pas plantée devant la cuisinière. Le corps de la mère bouge et le corps de l’autre pas. Le corps de l’autre est celui de la fille. Pour la mère le corps de l’autre est celui de sa fille. La mère le Continuer la lectureDevant la cuisinière.

La foire, c’est forcément de Liège…

C’était chaque année aux environs de la Toussaint dans le mois de novembre ou un peu avant : la foire. On se le disait entre nous, c’est la foire, je vais aller à la foire, la foire de Liège, avec tous ces manèges et toutes ces baraques pour manger de tout, des hamburgers déjà mais aussi des croustillons et des lacquemants Continuer la lectureLa foire, c’est forcément de Liège…

Comme chaque matin

Le rire qu’il aura et qui ne consolera pas à cause de la moquerie qu’il véhicule depuis ses grandes dents découvertes en riant, blancheur préservée par-delà les années, pour indiquer qu’il faut garder distance, ne pas attribuer valeur à ce qui s’est passé, aux paroles de la vieille, qui finit par perdre même intention de consolation pour ne plus qu’être Continuer la lectureComme chaque matin