#boost #10 | La mer, le vent, lent

La gamine souffla sur les yeux du cheval de bois, fort et maladroite comme on souffle sur les bougies d’un gâteau d’anniversaire pour la première fois. Elle voulait faire grand vent, elle voulait voir la mer s’agiter grande dans les yeux du cheval et retomber, comme quand on agite une boule avec de la fausse neige dedans, la voir retomber Continuer la lecture #boost #10 | La mer, le vent, lent

#boost #09 | Quelque part dans la nuit

Mouches agitées, une seule s’éloigne, attirée par la lumière du lampadaire qui s’allume. Le lampadaire éclaire le rétroviseur d’une vieille camionnette blanche. Dans le rétroviseur, le reflet de l’hiver trébuche sur le pétale d’une pâquerette. La friterie rouvrira bientôt, on célébrera les premiers rayons de soleil à la bière de table, sel sur les doigts. La pâquerette ne portera dans Continuer la lecture #boost #09 | Quelque part dans la nuit

#boost #03 | Elle court

Elle court, pieds nus sur l’asphalte, pieds glacés. Dans chacune de ses mains, une valise, cuir brun. Elles s’ouvrent, se vident de leur contenu, des épluchures d’oranges, des insectes morts, des nappes. C’est sont enfance qui se déverse sous le regard des passants. Elle court, elle court entre les maisons où les mères font tourner les machines à lessiver, où Continuer la lecture #boost #03 | Elle court

#boost #05 | À cet instant

Elle précède mon cri dans son habit qui n’appartient ni au jour ni à la nuit. Elle devient femme à cet instant où sa peau, n’en pouvant plus, fait barrage au silence. À cet instant où ses mains, fatiguées de porter toujours le même paysage, balayent l’immobilité. Le vent vire au nord. La bruine recouvre le manège de chevaux de Continuer la lecture #boost #05 | À cet instant

#boost #02 | Éphémère

J’ouvre la porte. Une bulle de savon éclate. Le reflet de ta vieille peau éclate aussi. Aussi éclatent le vase avec les fleurs des champs les coutures de tes robes à carreaux et nos bronches et nos marches à traverser midi à traverser hier fou à courir vide à faire courir nos fantômes. J’ouvre la porte. Le sifflement d’une bouilloire Continuer la lecture #boost #02 | Éphémère

#boost #00 | Latitude : 43.294609 – Longitude : 5.375102, octobre 2024

Dans mon bout du monde, il y a des gamins qui jouent à la balançoire entre la façade arrière d’un Lidl et celui d’un fast-food, non loin d’une bibliothèque, d’un Mercure Hôtel et d’un Emmaüs. C’est Belsunce. La nuit, fenêtre ouverte, t’entends parfois gueuler les paumés de la vie. Et puis, une manifestation pour soutenir la Palestine, plein jour. Ça Continuer la lecture #boost #00 | Latitude : 43.294609 – Longitude : 5.375102, octobre 2024

#anthologie #14 | fallait pas

Elle tient le bouquet de mimosa d’une main et court dans toutes les pièces de la maison. FALLAIT PAS. Vite, un vase. Vite, la mémoire se réveille. Vite, elle se revoit gamine, son père qui tirait la gueule en rentrant du boulot. Vite, la mère fatiguée d’avoir toujours le mauvais rôle, punir et tant vouloir aimer. Vite, en bas du Continuer la lecture #anthologie #14 | fallait pas

#anthologie #07 | là où il n’y a plus de fenêtres

28 juin 2024 Contraste marquant entre la lumière de l’extérieur et celle de l’intérieur. Guerrière d’un côté, telles les Femen, rayons du soleil pointant la haie de leurs petites mains. Timide et bien rangée de l’autre, tels des gamins quand vient la fin de la récréation – entendez-vous le rebond du ballon bleu dans le soudain silence qu’ils laissent derrière Continuer la lecture #anthologie #07 | là où il n’y a plus de fenêtres

#anthologie #06 | de ses yeux mouillés

Une bille – son bleu nuit – traverse une cour. Ça ne dure jamais. Une porte claque, courant d’air. Ça ne dure jamais. Une vague se retire – elle emporte les cris des gamins. Ça ne dure jamais. Un feuille d’érable tombe, promesse d’automne. Ça ne dure jamais. Une double croche sur une partition, Ravel – son Boléro. Ça ne Continuer la lecture #anthologie #06 | de ses yeux mouillés

#anthologie #04 | neuf fois habiter

1 – Aimer être chez soi, seule. Prendre son temps, s’habiller de vieilles fringues, le silence, le bruit des voisins qui habite ce silence, écrire, lire, étudier avec ciel gris-blanc de préférence, traîner pieds nus, allumer trois bougies, mettre une musique en boucle dans les oreilles, l’odeur de la soupe aux poireaux, regarder grandir une orchidée, changer les draps, désencombrer. Continuer la lecture #anthologie #04 | neuf fois habiter