là ça sentait la pénombre la lueur des tomettes rouges échauffées par le feu de la cheminée qui aspirait doucement de sa langue brûlante la marmite en fonte qui pesait bouillante irradiée des caresses léchée des flammes dans l’âtre dès le matin pour toute la journée pour toute la vie de la maison pour toute la vie de ses occupants l’oncle qui gemmait la tante que j’aimais aux sourcils noirs épais au-dessus de ses yeux sombres qui me regardait en m’aimant dans ma robe de velours rouge et jabot de dentelle une robe de communiante figée ce jour-là par la photo sous la première solive de la vaste cuisine où régnait la tante que j’aimais la femme de l’oncle sec qui parlait peu pas plus figé ce jour-là devant le foyer le feu lové sous la marmite à petits bouillons autour de la poule les jambons énormes crochetés aux poutres basses qui mangeaient la lumière de deux petites fenêtres ouvertes sur l’airial sur le sable plus loin où l’on déterrait les asperges comme des perles de prix arrachées à la lande qui n’était pas coutumière du fait qui ne lâchait rien la Lande si ce n’est sous les coups du hapchot qui prenait souvent la Lande des vies comme autrefois quand c’était encore le temps des marécages des fièvres qui avait pris la Lande cette sœur de la tante que j’aimais cette femme au visage de lune éclairé par de grands yeux marrons au fond desquels chauffaient les flammes de l’âtre derrière la silhouette sèche de l’oncle sec sous son béret silencieux racorni jusque dans son tréfonds tanné boucané à la fumée de l’âtre derrière laquelle il s’abritait pour ne plus voir les grands yeux marrons de la tante que j’aimais la sœur d’Augusta morte un jour anonyme à 23 ans d’une diphtérie 23 ans 3 enfants on ne faisait pas venir le docteur pour rien Augusta
Scène de vibrations, aux repères forts. J’apprécie beaucoup !