Un meuble massif en Formica, ce matériau plastiqué qui imite les rainures du bois. Marron en plus. Le mur tout entier. Des portes et tiroirs, une grande vitrine qui laisse entrevoir une dizaine de petits verres. De ceux que l’on utilise pour le digestif. Du genre que l’on ne sort jamais. Ou pour les grandes occasions, mais il n’y en a jamais eu. Des petits verres à pied, comme de la vaisselle de poupée. En verre épais, gravé de volutes translucides. À coté des verres, une soupière dont la porcelaine a jauni et sur laquelle se déploie une scène de chasse : les chasseurs galopant derrière leurs chiens galopant derrière un renard. Chaque objet posé sur un napperon amidonné.
II faudra vider le placard, vider le placard de la maison.
II faudra vider le placard, vider le placard de la maison. Enfin quand il sera temps, elle en a encore pour six mois apparement.
On s’égare on est pas là pour ça. Pas encore. Comment je fais pour lui ramener ce qu’elle m’a demandé? Peut-être qu’elle devient folle après tout, de toute façon ils le sont tous là-bas. Mamy, allez, aide moi, où tu l’as mis? Comment je fais pour le retrouver?
On aurait dit Monica. Elle était là face à tous ces petits objets. Tous bien rangés sur le napperon amidonné. Tous parfaitement espacés. Chaque chose à sa place, et chaque place pour une chose. Il y avait les verres pour les invités sympas, les verres pour les invités moins sympas, les verres pour les invités qu’on aime carrément pas et ceux pour les invités qu’on voit pour la première fois. Il y avait les verres pour la famille et de nombreuses catégories comme ça. Il y avait tout, tout ça, juste là.