Je voulais savoir intégralement ce qui se passait sous l’arbre rond, alors j’y installais mon duvet des nuits entières et je laissais accompagner mon immobilité par tous les mouvements qui rayonnaient autour du grand-gros hêtre, ce qui commençait par une certaine agitation de ses branches les plus hautes, bruissant avec une voix de papier et cela dégringolait peu à peu jusqu’aux feuilles juste au-dessus de moi, avec une voix de métal, on aurait dit le signal pour que la chouette occupe le silence à suivre d’un long lâché à modulation, repris alors par le bruissement des arbres plus lointains, l’arbre rond restant alors calme, comme dans la crainte des grognements qui se rapprochaient, ceux des sangliers groin au sol, venant racler les racines, avaler des rhizomes ou des champignons alliés, se heurtant parfois entre eux, se bousculant même en cas de découverte d’un gisement de baies de sureau ou de sorbier assez basses et pas encore complètement pourries ou bien le parfum venait de plus loin et ils passaient leur route mais l’araignée venait alors trépigner à mon épaule, me faisant me secouer un peu, comme s’il fallait me préparer au grand ballet des nuages raclant le ciel et offrant à l’herbe des reflets filant, qui auraient pu être autant de capes blanches passant dans des murmures où j’aurais bien pu croire entendre des secrets.