Ni les bons mots usés ni les mauvaises blagues mortes avant d’éclore ni les fêlures du rire ni les promesses décomposées ni les toujours jamais ni les jamais toujours ni les je t’aime ni moi non plus ni couvre toi bien ni demain il fera froid ni frappé sur la tête ni retomber sur ses pieds. Ni foi en la loi ni toit ni loi, ni femme ni homme ni vraisemblablement faux ni crois-moi ni crois-tu ni figue ni raisin ni cru ni cuite tout se dérobe ni déshabille-moi ni prends-moi ni dessous ni chics ni chair ni os ni vif ni mort ni souffle ni flamme ni chaleur ni la bouche sèche ni l’eau qui coule ni les yeux fermés ni les paupières qui s’ouvrent sur le vide, ici ni le départ ni le retour ni les pas hésitants ni la course effrénée ni la promesse ni le regret ni le contour des choses ni leur dissolution ni la lune ni le soleil, ni les ombres ni le poids de la nuit ni la légèreté du jour ni parler ni se taire ni rêver ni veiller ni la cendre ni le feu ni la caresse du vent ni la morsure du gel ni les rires lointains ni les pleurs étouffés ni l’échos ni le silence ni l’aube ni le crépuscule ni la lumière crue ni l’obscurité ni les nuages qui s’amoncellent ni le vent qui balaie les feuilles ni l’arbre qui se tort sous l’orage ni l’attente ni l’instant ni présence ni absence ni le vin ni la douleur de la fuite ni ici ni là-bas ni les ombres qui s’allongent ni les visages flous dans la foule, ni les promesses ni les regrets ni toi ni lui ni nous ni eux ni la main qui effleure ni la peau ni la chair ni le cœur ni les battements qui s’épuisent ni le départ ni le retour ni les souvenirs ni l’oubli ni le vide ni le plein, ni l’envie ni l’abandon. Rien ne pèse tout s’efface ni présence ni absence ni l’espoir ni la résignation ni le geste ni l’inaction suspension où rien ne finit. Juste ce point de gravité où tout flotte hors du temps hors du corps hors du monde. Ni ici ni là-bas ni maintenant ni demain le ni envahit prend toute la place sans bruit, l’écho d’un rien entre chien et loup
6 commentaires à propos de “#écopoétique #07 | les petits riens ”
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Quelle belle litanie pour ce « ni » omniprésent dans nos vies,et dont on constate à quel point il peut retourner froidement les situations, comme un gant imprévisible sur les doigts de nos demains… ni adhésion, ni répulsion, le « ni » nous conduit-il pas à ne rien considérer comme assuré ni pérenne. On apprend rien de nos dénis, sauf quand on soulève les croûtes de leur multitude… « L’écho d’un rien » ce paradoxe sonore qui intime la sanction du silence… silence forcé… parole forçat … Les chiens et les loups n’y sont pour rien, mais ce sont dans l’imaginaire, les sentinelles impuissantes de la sauvagerie des destins. Entre nos jours et nos nuits. Ni constance , ni répit… Le Ni neutralise l’affirmation trop péremptoire mais il n’est pas neutre. Il parle intimement de nous quand nous acceptons de nous y frotter. C’est ce que vous écrivez, chère Raymonde, et j’y suis extrêmement sensible.
Merci pour votre réponse à mes mots et votre compréhension toujours affutée… oui entre chien et loup tout peut arriver, ni bien ni mal.
https://www.youtube.com/watch?v=XTJHS8VKmRg&t=1s
C’est absolument sublime ! Grande envie de dire ce texte à plusieurs. Une litanie à dire ensemble, oh que ce serait beau. Ces ni qui nient et qui donnent davantage de présence paradoxalement. J’adore. C’est la forme juste, bravo !
A toi merci Anne, oui les lire ensemble ni soi ni l’autre
Variations rythmiques s’enchaînant sans répit, sur un flot qui me semble sans concessions ce qui donne sa force au texte. Merci Raymonde!