Le sentiment du vide, réel le sentiment de ne pas être contenue, retenue, que c’est réel que que c’est ma tête plongeant dans le vide entraînant mon corps , le sentiment comme tombant, que ce n’est plus avant, c’est maintenant le fond m’aspirant dans sa grande gueule ouverte de pente, la chute est réelle, aspirant la masse, un évanouissement des contours, le sentiment que ça ne pourra pas ne pas arriver, que la réalité n’a pas le choix, que le vide remplace le sol, ce sentiment collant à mes semelles, il occupe leur place, remplace la certitude d’adhérer, le sentiment que la réalité m’approche, m’emporte, que mon poids gravite, se dissout, le sentiment de mon impuissance à combler ce vide, le sentiment me tient, me lâche, le sentiment m’aspire, je suis l’aspiration du sentiment lui-même, devoir sauter pour ne pas fausser compagnie à mon sentiment, essayant de voler sans les ailes il n’y a que le fond qui m’attend, ce vide inéluctable m’approche, me saisit, me plaque à la paroi et me lance, impossible de se parler, la réalité est la substance et seulement tomber est possible, je suis déjà en bas écrasée, écorchée, tailladée, la froideur des pierres coupantes au sang chaud qui dégouline, c’est la victoire du sentiment d’être obligée de traverser le vide, le sentiment est écrasant comme la roche, la peur s’est évaporée, le sentiment de réalité l’a dévorée et la pente m’a absorbée.