Ouvrir la porte, sentiment de fraîcheur humide succédant au froid, les fils de la vierge ondulent dans l’herbe qui monte entre les fûts des jeunes pommiers timidement feuillus, observer ici et là, une pointe de rose vif annonçant leur floraison, se détourner un moment vers le ciel ouaté bleu où s’avance, du sud au nord, le grand V des grues cendrées guidées par la trompettante meneuse à la mémoire infaillible.
Préciser qu’il s’agit du matin ; est-ce bien un sentiment ( ?), sensation, plutôt, le mot « sentiment » est inutile ; évoquer le froid plutôt que l’asséner ; peut-on parler de fûts pour de jeunes arbres ( ?)… troncs ? ; lourdeur du « timidement » ; manque une nuance de plaisir de voir fleurir les pommiers, l’introduire ; annoncer les grues avant de « se détourner », ce sont d’abord les « trompettes » qui provoquent le détour du regard.
Ouvrir la porte, matin humide et frais, plus de fumées montant du village, les fils de la vierge luisants de rosée, ondulent dans l’herbe drue au pied des jeunes pommiers à peine feuillus, ici et là, découvrir une pointe de rose vif, bouton floral entrouvert, quand des cris impérieux détournent le regard vers le ciel ouaté bleu où s’avance, du sud au nord, le grand V des grues cendrées guidées par la meneuse à la mémoire infaillible.
C’est seulement une fois la porte ouverte que l’on découvre… ; les fumées… trop cliché bucolique, passer par la sensation de froid, le frisson, ou/et la nécessité d’un vêtement ; l’évocation des grues pas satisfaisante, en faire plutôt une réminiscence de printemps antérieurs.
Porte ouverte sur le jardin, matin humide et frais après les frissons de l’hiver, les pulls de laine, les fils de la vierge, luisants de rosée, ondulent dans l’herbe drue au pied des jeunes pommiers à peine feuillus, ici et là, découvrir une pointe de rose vif, bouton floral entrouvert, attendre dès demain le passage criard des grues, grand V guidé du sud au nord par la meneuse à la mémoire infaillible.
Je retrouve ici la délectation de la précision, de la tentative de reconstitution (d’épuisement ?) d’un moment et du sentiment qu’il fait naître — celle que j’éprouve à la lecture de « La Mounine – Notes pour un ciel de Provence » de F. Ponge
Merci Christophe
Ponge m’accompagne depuis ma première lecture. Une tante âgée à qui j’avais offert « le système… » avait trouvé cet auteur « bien froid ». J’en étais resté bouche bée !
« Le système… » ?
— C’est tout le propos de Ponge de réchauffer les choses, jusqu’à en faire des questions brûlantes