Bien sûr, ce qui est resté, qui me saute au visage chaque fois que je rouvre la grande caisse, ou, planquée dedans, l’une des boîtes, n’importe laquelle, c’est l’odeur, ce vestige du temps passé qui s’est tellement attardé dans les linges et entre les feuilles, depuis le temps, que voilà, on pourra fumiger, asperger d’eau de Cologne ou laisser à l’air libre des soirs d’été tout ce fatras, il y aura toujours son parfum, comme une note boisée assortie d’un peu de violette. Ça doit être le coffret à bijoux, je me souviens que quand je l’ouvrais autrefois c’était comme un miracle, comme si j’atteignais la caverne d’Ali Baba ou le coffre de Rackam Le Rouge, enfin comme je me les imaginais en regardant les images du livre de contes ou la BD du jeune reporter belge. C’était plein de saveurs et d’épices, un monde s’ouvrait devant moi et m’accueillait par le nez, la bouche et les papilles, je salivais pour mieux m’imprégner de ces idées d’autrefois, ces images d’un temps que je ne pourrais jamais connaître. Et là, maintenant que je suis grande, adulte, comprenant, analysant, revoyant les scènes et décryptant les signes, ayant acquis les connaissances et reçu les codes, je sais que cette fragrance, ces traces infimes d’une vie passée, ce sont des colonnes de marbre et d’opaline, fragiles et solides à la fois, qui soutiennent le temple que j’arpente, les souvenirs de celle dont je veux raconter l’histoire.
C’est peut être tintin, c’est peut être l’écriture fluide, c’est peut être. C’est un texte beau où je suis entré doucement.
merci Bernard, heureuse de te revoir passer par là !
oui très beau ce bloc de « saveurs et d’épices », ce texte d’un seul tenant comme on aime, « ces traces d’une vie passée » de marbre et d’opaline
j’aime beaucoup ta dernière phrase qui clôt ce petit moment avec toi…
merci Françoise,
c’est une reprise en même temps qu’une relance vers autre chose, suis heureuse de te lire aimer ce nouvel élan…