Dans les méandres de son âme nous étions les entorses ces brusques claquements de ligaments, ces liens fragiles qui maintiennent l’ensemble en équilibre nous étions les anomalies dans le schéma d’une vie bien rythmée par les dogmes religieux nourrie de défis lancés à l’interdit car même la foi la plus inébranlable ne peut étouffer le sentiment du besoin du désir une faim qui sait hurler et se faire entendre l’amour il l’avait relégué au ventricule secret de son cœur tourmenté il retardait en les appelant les rencontres où les corps s’unissent cimentés par la culpabilité venin invisible infiltré dans les veines de son mariage nous étions par lui rassemblées la première et la dernière entorse consentant à sa liberté d’aimer un aveu d’une violence insoupçonnée une trahison tacite qui ébranlait la naïveté de notre confiance fallait-il être au moins deux pour absorber le choc de cette dualité notre dignité en serait-elle moins chavirée se murmurait-on complices de libertinage nous étions les fragments de ce moi éparpillé les échos étouffés de cette soif désertée
Elle saurait me prévenir de sa mort annoncée moi qui n’aurait été que le fantasme d’une réalité indicible ou incertaine nous devenions les confidentes silencieuses les complices de la dissimulation des déchirures invisibles qui marquaient son existence fragments d’une vérité multiple ces entorses imperceptibles dans le récit ordonné de sa vie clandestines vivantes pulsantes de vérité brute entorses dans la trame de son existence imperfections qui rendent son histoire humaine trop humaine
les entorses, à la première ligne je n’ai pas pensé d’emblée au coup d ecanif dans le contrat, et ces premières entorses sont inspirantes. Belle écriture au demeurant
Ton écriture qui m’avait fait te demander si tu écrivais des chansons ou de la poésie. Et ces entorses, mot à double sens, dont le choix donne force et poids à l’ensemble. C’est très beau, Raymonde. Merci.