Enrichir son répertoire gestuel pas de copie mais la douceur de l’écho, échauffements et exercices en préambule, une improvisation dansée pour étoffer leur vocabulaire amorcer les possibles, comme une table des matières. La musique est leur choix, le lien, le doute du commencement, lâcher-prise pour les uns une appartenance au groupe, pour d’autres l’impulsion à se sentir regardés, l’émotion dessine déforme les visages les corps et l’impulsion ne triche jamais, satisfaction, pleurs, on parle triste ou gai, parfois imitation du mental, quitter la tête pour écouter ailleurs, faire le vide pour rentrer dans le corps, de ses doutes l’animateur a abjuré l’histoire elle ne contaminera pas l’éveil du corps et sa joie à surgir par le mouvement à la fois hésitant ou malhabile mais purgé de sa maladresse, la surprise en beauté sur des musiques pulsant leur plaisir de l’intérieur vers l’autre. L’humeur naît de la connaissance qu’on a d’eux, de l’adaptation d’instant en instant de leur fantaisie capricieuse, écouter la douleur sans chercher à la comprendre, les mouvements naissant de leur corps leur rappellent des zones oubliées raides paralysées ou tremblantes, considérer les tensions de manière à encrer tout ce qui se dit pendant la mise en route la danse suivra, s’adapter à leurs mouvements voire en protéger certains comme pour favoriser le relâchement progressif d’un ressort.
Durant l’échauffement le contact est petit, former le cercle chacun dit bonjour par son geste à tour de rôle, l’usage de la parole n’est pas un acquis pour tous, le geste est repris par l’ensemble et on passe au suivant, première prise de contact de parole de considération de l’autre, sentir ce qui est juste et chaque fois différent adapté à chacun, handicapé. Dans les improvisations qui suivent le contact se fortifie, moment où le dialogue gestuel se crée, l’autre propose et influence ainsi le langage que l’on va adopter, la manière de proposer inspire la réponse. Pour le dialogue ils s’imprègnent de nos variations ils bougeront vers le haut si on lève le bras, se collant à notre énergie en écho. Les objets chapeaux guirlandes prolongent les gestes restreints ou répétitifs durant le cours et parfois les suivants, l’enseignant les imite pour valoriser, et susciter la réplique l’improvisation momentanée qui les transportera vers ailleurs, le jeu est complet, reprendre leurs gestes nous entraîne en des lieux inconnus en nous-mêmes, être là à chaque instant l’écoute de chaque seconde ce qu’il advient entre eux et nous, entre eux et eux, une liberté d’expression, de non jugement à laisser parler ce corps souvent oublié de nos sociétés
La danse pour se sentir vivant cette vibration musicale et corporelle mêlée en un brin d’ADN habite nos cellules d’une ivresse initiatique. Hésiter, se frôler, dialoguer habiter le mouvement entraîne l’autre, interaction écoute et réponse continues, unité différenciée de sensibilités.
On entraîne le public et son bruit. Le regard la vibration de la salle une respiration vibrante en cœur l’exploration n’a pas de fin tant que nous entendons les battements.
danser « la douceur de l’écho »
pour se « sentir vivant »
merci
Texte très particulier. D’abord désorientée par l’approche je me suis laissé aller à lire en dansant en pensées avec ceux décrits et alors ce texte fonctionne. Merci, Raymonde, pour cette expérience initiatique.
Merci. Inspirée à la suite d’une séance avec des jeunes, différemment handicapés, j’ai été tellement touchée