Heureusement là, la lumière est plus douce. Les craquelures des accoudoirs de cuir des fauteuils se laissent voir avec pudeur, assumant enfin d’exister comme signe possible que des corps se sont là posés, avachis, tortillés. Sous les gros coussins avachis il peut y avoir des petits bouts de papier écrits, l’espoir revient qu’ils soient lus en révélant la poésie des listes de courses, des contacts sommairement établis et pourtant prometteurs à leur point de départ. Et la poussière ! Elle est partout, offerte aux doigts sur les tables basses, offerte à des mots éphémères si l’idée en venait. Quelques livres aussi, on les tolère encore. Enfilade des lecteurs, ah le possible enfumage des lecteurs royaux… Ils sont tous portraiturés placardés au long du grand mur, interminable. Attention au sol quand même, ça vaut le coup de regarder par terre. Non pas pour éviter la chute, même si le parquet désormais jointe mal. Pour les stries. Elles disent des traversées antérieures, que l’on dirait antiques, des graviers coincés sous des semelles qui ont écrit là, à leur façon, des traversées. Et des cent pas circulaires aussi, de décisions à devoir attendre là, sans doute, sans pouvoir plaider la cause qu’on aurait voulu. A regarder ou à éviter de regarder les royaux lecteurs portraiturés au mur. Mais avec les éclats de verre heureusement. Ce verre étoilé, comme les éclats de voix qui parviennent de là où les grandes décisions se prennent. Il naît là une possibilité d’en faire des étoiles, une illumination pour un royal lecteur ou une mouche sur la joue qui le moque. Et pas de fenêtre mais une porte, tout au bout d’où le jour extérieur perle. Des perles en forme de lignes, deux verticales et deux horizontales. On peut écrire à la verticale aussi. On peut écrire juste avec le jour.
Beaucoup aimé. Le regard porté vers le bas le sol les marques en opposition. Un texte qui commence avec la lumière et finit avec « écrire avec le jour ». Merci.