La nuit tombe sur l’arrêt de bus. Banc gris. Vide. Des cris d’enfants au loin. Une branche git, brisée, sur le toit de tôle. Gris aussi, ce toit, comme le banc, comme les colonnes de l’abri, grises d’un gris un peu plus foncé que les autres gris. La nuit tombe : le gris a gagné. Gris aussi le trottoir. Et personne pour attendre le bus. Pas de bus. Seulement l’arrêt. Un dernier souvenir de couleur, le cercle rouge des tpf, et le nom de l’arrêt – Fribourg, Pont-Zaehringen – puis rien d’autre. Un oiseau invisible pépie dans l’arbre à la branche brisée. Les grillons annoncent la nuit qui vient. Personne pour attendre le bus. Pas de bus. Seulement l’arrêt. Si l’on tire des droites imaginaires entre les deux plaques d’égout et le cercle rouge, cela forme un triangle. Le reste est rectangulaire. Passe un couple, jeune, puis un second. Ils marchent, se donnent la main, ne s’arrêtent pas : le banc gris de l’arrêt de bus restera vide. La nuit tombe. Les barreaux rouges de la terrasse d’un restaurant fermé dessinent une ombre crépusculaire à cette cage vide où personne n’attend. Trois ampoules s’allument. Il fait nuit. Les cris d’enfants, les oiseaux, les grillons, tout s’estompe. Personne n’attend.
vu d’en haut, de la fenêtre ?
On reste un peu sur sa faim. Pourquoi cet arrêt de bus a-t-il retenu l’attention ?
(préoccupation toute personnelle de qqn qui s’est mis en tête de décrire tous les arrêts de la ligne de bus qui passe devant chez elle)
vu d’en haut, de ma terrasse. Moi aussi, face à cet arrêt de bus, je suis resté sur ma faim, j’aurais aimé que des gens s’y arrêtent, je n’ai peut-être pas choisi le bon moment pour le décrire. Pourquoi celui-là ? C’était celui que j’avais directement devant les yeux… Merci pour votre lecture.
si moi j’attend
et je me demande si l’heure du dernier bus n’est pas passée mais je n’ai pas de montre
merci d’ajouter à ce lieu la présence qui lui manquait. Je n’ai pas de montre non plus.
Et cet arrêt de bus prend toute sa consistance de celui qui le regarde et l’évoque par son filtre. Une présence forte (complice ?) qu’il plaît à lire. Merci pour cette lecture.
Merci d’avoir aimé mon arrêt de bus (celui en face de chez moi) dont je n’aurais jamais pensé devenir si complice.