Cette maison toit pointu dominant le lac en face de la dent du chat, combles caves trois étages cinq balcons, une locataire ancienne la famille du frère celle de la sœur le père en bas les locataires saisonniers les lézardes la pierre les tomettes les radiateurs en fonte les télévisions les tuiles vernissées les systèmes digestifs vaquant dans les escaliers l’air expiré par l’un l’air inspiré par l’autre.
Parallélépipède vitré quatre étages au bord de la plage ascenseurs piscines cabines eaux soufrées files en peignoirs masseurs roumains kinés roumains des corps noueux occupent à la chaine des baignoires dehors l’étang létale et plus loin la mer entre les roseaux la surface soudain ridée par la brise dedans le son grave des ventilateurs l’œil sur cette barque vide immobile d’où émerge tout à coup une silhouette quelqu’un.
Vingt-et-une heure un vol de martinets tourne en cercles au-dessus de la tête étalée du platane son feuillage vert tendre dépassé par le mélèze foncé pointu presque noir c’est quoi cette répétition du même cercle des sept martinets sifflant dans le soir la chaleur du goudron de la cour monte et sous les arbres l’ombre vire l’air de rien par plaques discrètes à la nuit.
Sous la table le passage de la fourmi barré par l’énorme chat noir étalé sommeillant les oreilles tournant virant à 45° elle porte un œuf et tâche de grimper dans les poils tombe du ventre des épaules longe une patte et puis renonce tournevire sous la table sous le platane avec son œuf ovale tandis que les taches d’ombre et de jour se déplacent sur le pelage soudain le chat s’en va.
L’autoroute subitement limitée à 70 kilomètre-heure pic de pollution toutes ces voitures étincelantes lentement se déplacent en silence car vitres fermées comptant ceux qui dépassent qui doublent qui pressent qui sont ceux qui feront chuter l’Homme et la Terre les milliers de caisses glissent au bord de l’engorgement au pied des Alpes et nous comptons nous comptons médusés.