Si ça peut te faire plaisir. Alors que le véritable plaisir est le mien, le mien de faire croire que je suis ce genre de personne qui fait plaisir à l’autre, dont le seul désir est d’accomplir le désir de l’autre. Regarde comme je te donne ce que tu veux, alors même que tu me poses une question, alors même que c’est mon désir à moi que tu cherchais à sonder en faisant une proposition.
Si ça peut te faire plaisir. Et me voilà enfermée dans la boucle infernale que j’adore me créer, celle où je m’extrais de la situation, où je ne suis plus personne et c’est moi-même qui ai amorcé la dépersonnalisation. Voilà que je n’existe plus, même plus à mes yeux.
Si ça peut te faire plaisir. Quelque soit ton plaisir d’ailleurs. Je ne l’ai pas vraiment écouté. J’ai cru comprendre que c’est ce que tu voulais. À toi de l’obtenir maintenant. Je me mets à ta disposition, mais c’est bien à toi de mener le jeu. Je suis là, inactive et passive, en attente de ton bon plaisir.
Si ça peut te faire plaisir. Il faut tout de même que ça me coûte un peu. Et même si cela ne me coûte rien, il faut tout de même que tu es l’impression que cela m’ait coûté. Je le fais pour toi, pas pour moi, et ainsi tu m’es redevable. Et si je pousse un peu plus loin la logique, je pourrais même avoir du ressentiment, sans m’en sentir coupable.
Si ça peut te faire plaisir. Le début d’une longue cascade de sacrifices sous le signe de l’absence de désir, le désir de l’autre pour ne pas avoir à se trouver un désir à soi, et quand à la fin le désir de l’autre ne se trouve même pas assouvi, la volupté de pouvoir dire « tu n’es jamais content ».