#anthologie #25 | Odeurs

– L’odeur du poisson, poisson, frais, pas frais, cuit, mariné, avec des épices, avec des légumes, en papillotes, juste dire ça sent le poisson ne suffit pas, même pas pour dire si ça sent bon, si l’odeur est agréable ou pas. Et agréable ou pas, tant que le poisson n’est pas pourri, et où commence le pourri, la limite entre plus tout jeune et pourri ne sera pas la même pour tous, odeurs agréables pour certains et pas pour d’autres. On n’a pas tous le même nez, les mêmes références, la même banque de souvenirs d’odeurs et de parfums

– L’odeur qui fait peur, infection, gangrène. Tu la trouves différente de celle de d’habitude, ce matin, l’odeur du pansement tout au bout de ton bras, à la place de ta main.

– L’odeur de la mer. Avec des algues, sans les algues, avec d’autres algues, sèches, complètement sèches, encore une peu humides avec ces petites mouches, attirées par l’odeur, une odeur différente entre sable et rochers, ou un mélange des deux, en fonction des rochers, souvent recouverts d’eau, moins souvent ou jamais, au juste les embruns les jours de grosse tempête. Une odeur qui donne l’heure, l’heure de la marée.

– L’odeur géographique qui te dit, yeux fermés où tu es sur le port, près de la pompe à gasoil, à la pêche, au commerce, chez les mécaniciens, au bois venus de loin, aux sacs de céréales, au silo à engrais, bien plus près de l’écluse et du grand air du large, ou déjà dans la ville et les odeurs de gras de la friterie du port, ou des glaces de l’été.

A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

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