D’abord elle rougit, puis se sentant rougir rougit plus encore, imagine que tous ne voient que çà, ne pensent qu’à ça, qu’à elle et son teint de tomate confite, elle est tellement en circuit fermé, isolée au milieu des autres, la respiration coupée, elle perd alors le contrôle de sa voix qui devient plus aiguë encore que d’habitude, fend l’air d’un filet de douleur pathétique que personne ne perçoit, donc personne ne lui répond, évidemment puisqu’elle est « aussi idiote que ridicule », elle n’a plus une seule idée d’équerre, perd de vue ses propres goûts et opinions, cherche désespérément une issue, le buffet peut-être ,chacun de ses gestes, sa démarche même trahissant son malaise, elle renverse son verre sur un convive, s’excuse d’une voix de mourante, est au bord du malaise , prend la fuite en trébuchant, se fait des crocs en jambe à elle-même, se cogne contre les autres, elle qui dans leur chambre peut faire le flamant rose pendant plus de deux minutes, dit très vite pardon pardon pardon, et c’est bien ça qu’il peine à lui pardonner, cette façon de s’excuser de vivre, de ne penser qu’à elle tout le temps, car même si en négatif, elle est obsédée par elle-même, elle n’aura rien vue de la soirée, rencontré personne, une soirée qu’il aura fallu écourter comme d’habitude parce qu’ »elle n’en peut plus de ces mondanités ». Dans la rue, déjà elle s’apaise, elle redevient drôle, libère sa rage « non mais tu as vu ces cons », elle redevient belle, elle dévoile ses trésors dont personne à part lui n’a l’idée, et c’est ça qu’il ne pardonne pas à Miss Pardon, c’est qu’il a l’air de se trimballer une cruche qu’il faut sans cesse défendre contre elle-même.
2 commentaires à propos de “#anthologie #16 | la cruche”
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mais que faisait elle donc en cet endroit ?
la pauvre, elle cumule toutes les âneries, non mais la pauvre si mal à l’aise… pourtant belle dans le face à face avec ce « lui » si effacé…
salut Catherine…
merci Françoise on essaie de ne pas être trop manichéiste…