Il a cinquante-deux ans. Il est directeur financier. Il travaille beaucoup. Il aime quand c’est droit et sans erreur. Il a dix-neuf ans. Il grimpe vite les échelons de la finance. La banque est ce qu’il connaît depuis la fin de ses études. Il a trente-cinq ans. Son divorce est une transaction. Il ne cille pas quand il signe la dissolution du mariage. Les parties conviennent de mettre fin à leur mariage et de divorcer par consentement mutuel, en conformité avec les dispositions de l’article 229-1 du Code civil. Pour un peu il pourrait lui serrer la main. Il a vingt-quatre ans. Il fête son anniversaire avec des amis. Ils jouent à un jeu stupide. Raconter deux évènements : un vrai, l’autre un mensonge, aux autres de deviner. Il ne veut pas jouer, mais joue quand même. Il a bu beaucoup de raki. Ils sont à Istanbul. C’est lui qui a choisi à cause de James Baldwin dont il a lu tous les livres. Il garde cette information pour lui et raconte plutôt qu’il veut faire Byzance. La nostalgie sans doute d’y revenir une deuxième fois avec sa deuxième épouse, une romancière. Il raconte qu’il a été arrêté un jour dans un aéroport avec une arme. Il raconte qu’il n’est jamais rentré dans une église. Il ne sait pas jouer. Il a fait le séminaire et les autres le savent. Pour l’arme il n’ose pas dire qu’elle est factice et qu’il a oublié ce cadeau d’un client dans sa valise lui qui tient à sa réputation de toujours tout anticiper. Il a 30 ans il épouse Marie, ils partent en voyage de noces à Tahiti. Il s’intéresse au Mana. « Le mana est une force mystique et invisible qui imprègne les êtres et les objets, leur conférant un pouvoir spirituel sacré. » Il trouve qu’il fait trop chaud et n’aime ni le sable ni les fleurs de tiaré. Il décide de ne plus boire d’alcool. Il n’a jamais fumé. Il a cinq ans. Il fugue dans la campagne pour éviter une punition. On le croit noyé. Il a cinquante ans. Il me rencontre dans un amphithéâtre où il donne une conférence sur les « Stratégies financières Innovantes pour l’Avenir : Vers une Croissance durable et inclusive ». Il dit aimer ma candeur, ma poésie, ma joie et ma bouche. Il a cinquante et un ans il me demande de l’épouser et je dis oui.
3 commentaires à propos de “#anthologie #10 | E.”
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Et bien c’est tout à fait réussi Gilda !
Merci Emilie. Je l’ai retravaillé. Je suis dans un corps à corps avec les consignes, l’histoire qui s’ébauche, mon obsession d’Istanbul et les textes d’appui. J’apprends beaucoup. François est magicien lol
Ca fonctionne encore finalement les propositions pour continuer l’aventure d’Istambul 😉 Ce texte « rassemble » E. dont on avait jusqu’ici un portrait éclaté. Et cette dernière phrase. Ca alors. Je continue. Pas mal de propositions à rattraper après ces deux dernières folles semaines.