Au grenier , j ai découvert une collection de parasols.
Celui de notre amour quand on se réfugiait dessous coller-serrer pour se protéger du soleil du vent et de la pluie . On y était tellement accroché qu on aurait imaginé s envoler .
Celui de notre tristesse quand il ne nous protégeait plus de nos larmes , innondant nos bouches , et nos paroles qui ne pouvaient plus sortir de nos gorges irritées à force de crier…
Celui de nos révoltes contre les injustices du monde entier , incompréhensibles, incomparables, incompressibles, indivisibles,… inhumaines .
Parasols rayés bleu-marine et blanc , de bord de mer au bord des larmes , de lames de fonds qui remontent pour se fracasser de colère sur la grève . Silence sous parasol , ne rien dire , ne rien faire et se taire . S’endormir sous le bleu marine et blanc écrasant le sable sous le poids de tout son corps , de sa respiration de plexus j usqu au bas de ventre vide , plus vide que tout . Pas faim , pas soif, manque de couleurs entre les lignes de bleu marine et blanc .
Parasols rouillés d eau salée mal rincée, mal lavés . Jetés au fond du grenier . Jaunis par le temps , rongés par les mites, trouées ds le passé, actes manqués , occasions ratées, et puis plus rien , deuils , et pensés mortes échouées .
Parasols anti-uv, fleuris d un côté et gris perlé de l autre . Garanti protéger des rayons qui brûlent, qui fabriquent du cancer qui tue de l intérieur sans rien dire , sans prévenir…
Il reste un parasol au fond , là -bas , le dernier des Parasols. Sur ses bandes blanches , elle y aurait bien écrit sa vie, ses heures à regarder la mer sans rien dire sans rien faire en attendant que ça passe. Et encore qui saurait lire entre les lignes du parasol ?
Très jolie idée que cette collection de parasols : ceux qui protègent, qui se souviennent, qui vous parlent. Bravo Carole !
Merci Carole pour ce texte très poétique dont j’aime beaucoup le rythme des phrases qui scandent cet inventaire ! Je m’y retrouve beaucoup, avec une variante : les parapluies ! C’est fou comme un objet permet de dire nos vies, ses joies et ses peines, et le temps qui passe ! Et puis le dernier parasol, qui abrite l’écriture 😉
… Ah les Parasols de la vie! merci pour ces images où l’on sent le vent s’y faufiler, le vent du temps, de l’oubli, des joies et des peines. Jamais le même. Merci ! Hâte de lire la 40!!