JE VIS le petit chien blanc, un caniche entièrement frisé, trottiner en devançant sa maîtresse de quelques mètres. Sur le chemin de halage j’avançais rapidement en marche nordique à l’aide de mes bâtons. Nous parlions peu avec ma compagne de promenade, concentrées sur le rythme de nos pas. Au retour nous avons vu le petit chien nageant au milieu du courant de la marée montante. Je le voyais pédaler de ses pattes, régulièrement sans affolement. Sa tête disparut sous l’eau une première fois, nous nous sommes arrêtées. Sa tête réapparut, il s’enfonça à nouveau sous les flots. Nous étions seules sur le sentier ne sachant que faire, nulle part de traces de sa maîtresse. Après plusieurs tentatives pour surnager le petit chien disparut totalement. Sans avoir poussé un seul aboiement, sans aucun jappement. En revenant vers le parking nous avons vu sa maîtresse assise sur un banc au bord de l’eau attendant le retour de son petit chien. Nous n’avons rien osé lui dire.
JE VIS la femme devant moi sur le trottoir de la rue d’Odessa, en direction de la rue du départ, s’immobiliser, se retourner terrifiée et partir en courant dans l’autre sens. JE VIS derrière elle les passants fuir affolés des deux côtés de la route. Je me vis soudain angoissée entamer ma course à leur suite. En quelques secondes la rue se vida, le mouvement se répercuta sur les rues alentours, répandant cette panique spontanée provoquée par la pétarade d’un moteur sur le boulevard Montparnasse. C’était un samedi soir de fin novembre deux mille quinze.
JE VIS les lionnes affalées derrière le grillage, somnolentes, immobiles. Comme une évidence j’eu l’idée de sortir de l’abri de la voiture dont le moteur tournait au ralenti pour aller agiter la clôture et les faire se lever afin que les enfants qui râlaient à l’arrière les voient mieux. Je me sentais protégée par la barrière de fer qui probablement entourait les félins. Mais je décidais de ne pas agir sur un coup de tête, de ne rien faire. Un mâle solitaire est alors venu faire un tour de la voiture, les enfants se sont tus.
Vos textes portent bien l’inquiétude voire la peur… Merci
Merci Claudine pour ta lecture et ton commentaire. La proposition n’était pas facile.