#anthologie#37|

Je vis une femme les mains tremblantes et les larmes aux yeux. Elle faisait la queue à une association caritative pour obtenir de la nourriture. Je l’ai entendue s’excuser de venir, de dire que c’était la première fois mais qu’en attendant mieux elle n’avait pas eu le choix. Je vis cette femme essuyer ses larmes de honte. Elle avait perdu son travail et se trouvait sans ressource. Elle avait fait les démarches nécessaires pour obtenir de l’aide financière mais là, elle ne pouvait plus subvenir à ses besoins. J’ai entendu la bénévole lui répondre que c’était cela le but de l’association, faire la transition entre un moment difficile et un moment plus favorable. J’entendis cette femme dire que dès qu’elle retrouverait un boulot elle ne viendrait plus, elle laisserait la place à d’autres plus dans le besoin qu’elle. Je vis cette femme passer une nouvelle fois sa manche de manteau sous ses yeux. Je vis la bénévole la suivre des yeux jusqu’à sa voiture et attendre qu’elle mette ses victuailles dans sa voiture avant de s’en aller pour accueillir une autre personne.

Je vis une forme dans la brume d’altitude : rocher ou bouquetin ? En m’approchant tout doucement au cas où ce serait vraiment un bouquetin, la tête s’est tournée vers moi, c’en était bien un qui me laissait arriver le plus tranquillement du monde. Au vu du nombre d’anneaux à ses cornes, c’était un assez vieux mâle qui, nonchalamment, comme pour mieux me narguer mâchouillait l’herbe à portée de mâchoire en tournant la tête vers moi de façon régulière. Je me suis arrêtée tout près de lui avec l’envie de le caresser mais la distance de lui à moi était sacrée. Allongé de tout son long, il continuait son long travail de broyage de l’herbe. Je lui ai demandé s’il était blessé pour ne pas bouger ainsi alors qu’i était tout près. Dédaigneusement, il a tourné la tête, il ne fallait pas le prendre pour un chamois.

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