aller y voir de près
ellipses suspens dimensions dilatations | frontières malléables | limites floues des prairies et du vent | où vais-je porter les yeux à présent qu’ils se sont rencontrés ? très haut du côté des nuages qui modifient l’ampleur du ciel ou alors au ras de l’herbe autour des corps enlacés ou alors depuis la plateforme de l’observatoire qui propose une autre vision du territoire ?
Désormais le roman est engagé dans la fissure, drame de la mère anéantie et de l’enfant qui ne grandira pas comme les autres. Je ne peux plus l’arrêter. Les mots ont été prononcés. J’erre dans la maison à l’obsession de son visage à elle couvert de larmes, je cherche l’endroit juste pour mieux la voir. Noir et blanc. Frémissements, petits plis de peau autour de la bouche, la chevelure est en désordre, le corps ne bouge pas. Amertume déjà saisissable dans la posture. Je m’approche dans le silence des pierres, cadre un instant autour des mains qui se contiennent l’une l’autre, remonte lentement vers le cou blanc contre le sombre du tablier. Noir et blanc. Frémissements. Les larmes ont déjà trop coulé, ont laissé des ombres au long de la peau. Noir et blanc. La silhouette est pareille à celle d’une pietà de tableau, parfaitement immobile dans l’inconsolable. L’impression de ralenti vient de l’impossibilité d’avancer dans le temps avec un tel fardeau, de ma navigation autour d’elle, de la nature de mon regard. Le chagrin occupe le temps, tout le temps. Les cris n’ont plus cours. Peu à peu de ce visage dévasté, sourd celui de ma propre mère qui dit sa douleur, penchée contre le tombeau recouvert de fleurs blanches.
corps engagé dans la fissure
« le roman est engagé dans la fissure » et ton écriture, par sa poésie et par le choix des mots, nous introduit avec précautions dans cette fissure. Merci
merci Claudine pour ta belle présence par ici;;;
oui trouver par où passer, par où se glisser
« Le chagrin occupe le temps », oui, on le sent infiltrer tout l’espace de la durée, rendant perceptible son tissu dur et serré. C’est beau et terrible.
Très touchée par ton passage, Sophie…
reprise d’une scène précédente en tentant d’y mettre un peu de ralenti sur les visages et finalement ça augmente la tragédie…
terrible, tellement vrai…
Émouvant cette façon de tourner autour du personnage maternel, au ralenti, d’en percevoir la détresse d’autant plus dans son immobilité. Touchée.
merci Perle de ta venue
et de tes mots qui viennent confirmer que le ralenti peut venir fouiller lui aussi la matière du réel et nous la souligner comme un trait de crayon de couleur
» le ralenti vient de l’impossibilité d’avancer dans le temps avec un tel fardeau »
j’aime beaucoup ce bout de phrase, il est très inspirant.
pour moi, il évoque la mort… proche.
merci
merci Michèle pour cet écho à propos du ralenti…
oui, ça m’a permis d’insinuer l’idée que le corps ne tiendra sans doute pas le coup
à te lire…