#anthologie #28 | Cinq ?

Silence d’été

Dans un cube de verre, un acteur vêtu d’un short et d’un tee-shirt de taille et de style d’enfant , les vêtements sont déchirés aux bras, aux cuisses et dans le dos pour permettre aux tissus de couvrir partiellement son corps. Il est assis sur une chaise triple de la dimension classique, la table est en proportion de cette chaise démesurée. Dans sa main un crayon de bois dont la tige a le diamètre d’un manche de pelle. Il gratte son crayon sur la table. Dans le cube de verre, aléatoirement le son d’une désapprobation se fait entendre. Aussitôt l’acteur pose son crayon et cherche d’où vient le bruit et recommence à colorier. Hors de la cage, le son est très atténué. Le nom de l’oeuvre est écrit sur le panonceau au pied du cube : Ennui.                   

Thalassa :

Dans sa chambre sans fenêtre, une tablette est fixée au mur, une bouteille joufflue posée dessus, probablement une vieille  bouteille de rhum. Lui imagine qu’elle a contenu du ratafia. Il a patiemment introduit à l’intérieur la maquette de barque réduite à la largeur du goulot. Il l’a élargie en tirant sur les ficelles passées à travers des oeillets à l’avant du bateau, puis retiré les ficelles. Il a ensuite ajouté  avec un long fil de fer un petit personnage de papier soufflant dans ses mains. Le résultat lui plaît, il l’a gardé toute sa vie. 

Douter :

Et ce ballet superbe qu’elles avaient vu ensemble. Enfin vu, c’est vite dit, Evanie Pontois et Boris Nabokov n’avaient pas fini leurs lent et délicieux pas de deux symbolisant la mante religieuse et son mâle qu’elle poussait des soupirs affligés. Lorsque la danseuse a arraché la tête du mannequin, remplaçant son compagnon, dans un grand jet de liquide vert, elle est tout simplement sortie de la loge. Elle n’est pas revenue.    

Bifurcation

ce jour là ou plutôt ce soir là …

J’écrivais les paroles de ma chanson, sur la musique de notre slow de rencontre, j’exprimais toute la douleur de notre séparation. Je cherchais une rime en anque, seul banque me venait à l’esprit, ça n’allait pas du tout avec la profondeur de Tous les jours, tu me manques. Il m’a jeté le dossier d’inscription sur le lit, tout à coup cette évidence : le mot c’était saltimbanque

Signal

Ce serait une oeuvre monumentale, les armatures du bâtiment seraient visualisées par des projections lumineuses, à l’exception du rez de chaussé et du première étage uniquement suggérés par du rubalise. Le fantôme du Signal se distinguerait dès le soir tombé et disparaîtrait au matin. L’installation fonctionnerait indéfiniment jusqu’au total recouvrement par l’océan de la zone, ainsi que de la ville de Soulac.      

A propos de Noëlle Baillon-Bachoc

Lectrice compulsive, attirée depuis le plus jeune âge par la littérature de l’imaginaire avec une prédilection pour le fantastique. Je me consacre à présent totalement à l’écriture. J’anime des ateliers d’écriture et des stages dédiées à la littérature de l’imaginaire.

Laisser un commentaire