Une jeune femme marche à côté de son cheval. Elle est vêtue de façon ordinaire d’une blouse marron à la couleur passée et d’une jupe grisâtre froissée. Son cheval blanc cassé ne porte pas de mors. Il la suit docilement. Elle pense qu’elle aurait préféré prendre un vélo, ils sont plus obéissants, et elle n’aurait pas eu à se soucier de l’avoine. Il ne restait que le cheval dans les écuries de l’auberge, elle l’a pris en promettant d’un signe de la tête de le ramener à la nuit.
La journée commence à peine, tout en marchant elle se remémore le songe de la nuit précédente que jusqu’à présent elle ne s’est pas expliqué :
Elle serait sur le seuil de la cuisine. Le regard se dirigerait vers le coin à droite, deux étagère fines de bois contreplaqué soutenues par deux petites échelles de métal noir accrochées au mur par des vis, des rondelles et des chevilles. Des objets en plastiques, légers posés dessus : brocs à eau bicolore un bleu et un vert, boite à oeufs une jaune, une rouge, quelques Tupperwares vintage orange et jaune. Ses yeux glisseraient au pied de l’étagère sur un porte-bouteille pour six bouteilles, en plastique rouge avec poignée. Le long du mur, sous la fenêtre en hauteur, une cuisinière métallique laquée blanc, le four avec sa longue poignée au milieu en haut de la porte basculant vers le bas. Une porte à coins arrondis, en métal laqué blanc. Les feux accessibles en soulevant le couvercle, aux coins arrondis, en métal laqué. Elle serait sur la photographie prise pour immortaliser cet instant, elle serait devant la cuisinière souriante devant cette promesse de vie meilleure grâce à cette modernité. Elle serait debout devant cette photographie, encadrée et posée sur le buffet en Formica vert d’eau acquis avec leurs premières économies. Un buffet à deux portes basses, deux tiroirs dont un pour les couverts, et deux portes hautes pour les verres, les bols. Les ustensiles de cuisson seraient la plupart du temps rangés dans le four ou sous l’évier en porcelaine jouxtant la cuisinière. A côté de la photographie, la coupe à fruits violette en plastic tressé. Elle serait choquée par cette profusion de couleur, elle ne les reconnaitrait pas. Elle ne reconnaitrait pas non plus le salon en Skaï noir sur sa gauche, ni le tableau brodé au demi-point de croix sur le mur. Elle verrait alors les autres visiteurs du musée et comprendrait.
Elle s’est réveillé juste à ce moment là, totalement perdue dans cet environnement inconnu. Les couleurs dans ce rêve étaient nombreuses, trop nombreuses, elle ne se les explique pas. Son désarroi la fait parler à voix haute, elle dit qu’elle ne comprend pas. Son cheval stoppe net, elle tire sur la longe, il refuse d’aller plus loin. Elle insiste, elle s’affole, laisse échapper un avance mais avance agacé. Au loin, sur la route un groupe de soldat en uniforme arrive au grand galop. Elle se met de côté pour les laisser passer, son cheval reste au milieu du passage. Sa monture henni deux cris prolongés lorsque la troupe passe à sa hauteur. Les soldats s’arrêtent, les chevaux échangent des informations. Deux hommes mettent pied à terre et s’approchent d’elle. Elle tente de se justifier par signe mais échoue. Ils la ramènent sous bonne garde à l’auberge où elle sera jugée pour bavardage.
Pour son salut, elle ne parlera jamais de ce rêve coloré, s’évitant ainsi la peine maximale.
Elle pense qu’elle aurait préféré prendre un vélo, ils sont plus obéissants, et elle n’aurait pas eu à se soucier de l’avoine. Il ne restait que le cheval dans les écuries de l’auberge…
J’adore cette image, cette pensée, je la vois si bien avec son cheval lui servant de vélo et cette fin magnifique avec les chevaux qui discutent entre eux, que de belles images pour accompagner mon samedi. Merci.
Merci Clarence pour ta visite et ton commentaire.