Voix claire, presque enfantine et désolée de la mère dans la nuit. Oubli du verre d’eau pour son somnifère quotidien ! Le père y va, il ne sait pas ne pas faire de bruit. Ça s’apprend-t ’y ça ? Alors, grincement interminable de la porte de leur chambre, frottement inouï au regard de simples pantoufles sur le carrelage de l’entrée, giclement brutal de l’eau sur l’évier et le carrelage de la cuisine. Tamponnages d’ éponges. Retour à la chambre conjugale. 56 ans de mariage, en déduire cinq comme prisonnier de guerre[u1] . Boum, merde, nom de Zeus ! Le tiroir de la commode de nuit, coté père, tiré trop violemment. Les articles découpés pour possibles lectures mélangés aux vis et morceaux de bois accumulés s en vue d’éventuels bricolages brinqueballent sous le lit. Côté mère, soupirs et marmonnements. Côté rue, staccatos des martèlements[u2] métalliques de trains de marchandises sous les fenêtres, ils habitent à côté des voies ferrées mais ils n’entendent rien de rien, qu’y parait. A l’époque de leur époque ou plutôt de celle des grands-parents, c’était chic d’habiter là. Pour ceux qui passaient les visiter dans leur Est natal, c’était un cauchemar nocturne la première nuit, après il est exact qu’on s’y faisait.
[u2]s
.. merci pour cet espace temps court et intense, dans les voix, les accents, les objets …
Merci de cette lecture Eve.
C’est parfois difficile de suivre le rythme des lectures mais je voulais vous remercier pour votre texte récent sur la femelle sanglier et ses petits marcassins. Je vis en ce moment au bord d’une forêt peuplée de sangliers et nous voyons souvent de petits marcassins traverser le champ…